Mille coups de griffe Ont élargi le ciel Jusqu’à couvrir de mucus Les spasmes de la naissance. Ouvrons les bras Cueillons les fruits Amassons dans les greniers la paille et le grain Perpétuons le clinquant des offrandes. À fleur d’eau Au rythme des orages À la cognée des arbres que l’on abat Émergeons de la Misère. Soyons l’impact Des nuits que l’aube interpelle Soyons de mise Pour le jour d’après. L’amertume A reflué sur le devant de nos maisons Comblement à mains nues De l’apport de nos ancêtres À point nommé Les fleurs couvrent de leurs pétales d’argent La commissure des nuages Filtrant le vide comme fanons de baleine. De mener à bien l’âme saisie Amène à éviter les chausse-trapes de l’Avent Réponse permise au contact de la Roue Fragile éclosion des crosses de lumière. À fréquenter la nuit Conduit au Retournement de l’Être Point d’accès au travail intérieur Cadrant le débordement de l’ombre. Plissement au suroît De la conscience admise Chaude et humide Permettant la tenue des offices. Parodie de la réalité Profonde en ses attentes Brise-lames sur le pourtour Pour les mâchoires du Vieil Océan. À la guignolade d’une fête aboutie Bras et jambes à demi ployés Les mains avec confiance Saisissent la Geste de l’Histoire à rejoindre. En attraction et sans subterfuges Ne quittons pas le sol Genoux en terre Gouttons le champignon roux de l'interstellaire. 1450
Cartlanna Catagóire: Bealtaine 2024
Mon ami mon frère
Mon ami mon frère Flèche rougie au creux de l’épaule Venant déposer sur la margelle du puits Le souvenir des nuits bleuies Vous vous êtes arrêté D’un dérapage contrôlé sur la route en terre battue Aux portes de l’oubli Près du saule fourchu Devant la maison du sans-soucis. Me parviennent les frissons D’une lignée dépouillée De ceux qui compagnons de toujours Disparaissaient vieillesse venue Comme le dernier son De la cognée de l’aïeul Abattant le peuplier de l’Aspavoune Sous les cris et bravos Des enfants de toujours. Au pied de l’arbre Un trou fermé par le caillou advenu Par lequel accéder au royaume des djinns Éclat de mystère faisant jaillir Entre les carrés potagers Travaillés par Jean et Grand-père La fraise et la menthe Des festins pris en bonne compagnie Que les cloches de Saint-Lambert Bénissaient au vent de la planèze. Sur la pierre carrée devant la fenêtre Où discourir après repas Nous prîmes le séjour pour une éternité Alors qu’ondoyaient les blés Sous le souffle chaud de l’été Prélude d’un déplacement pour plus de confort encore Assis ou allongés Contre le mur de pierres sèches À l’ombre de la toile de tente. 1449
L’Avenir est un mystère
Accidentellement Une entité terrifiante s’était prononcée À rendre témoignage de servitude Au-delà de l’autre versant Du talus des certitudes. Le piège était tendu En guise d’ingratitude Entre les mots « maître » et « esclave » Tout ça pour aborder La grande glissade en spirale. Firent contagion entre ciel et terre Les herbes accolées à la Roue Pour s’élançant hors horizon Tapoter de leurs dix doigts La coquille du mental ergoteur. Détruire Ce soir est la remise des prix Où pieds nus secourir madame La Philosophe En martelant d’un regard furibond La pente et le dévers qui suivra . Je prends ta main Pour du bon pain Et me remets dans le droit chemin Blotti que je suis contre ta poitrine Douce et tendre déflagration de l’étreinte éternelle. Ça siffle sur les ondes Le vent crache ses bouffées d’oxygène L’Avenir est un mystère Où fabriquer de la gloire Tel Esprit porteur d’épidémie. 1448
Changer de corps à sa guise
Changer de corps à sa guise Faire remue-ménage de ses origines Pour fragile brindille de lune Perchée au pinacle de l’enfance Franchir le miroir des affidés. Il n’est plus Il sera Sans se soucier du passage du temps Tout en gardant ses oiseaux en vie Lui le prince-poète. À grands pas le futur se rapproche De l’inconnu terrifiant En la spirale de nuées ardentes Prompte à engager flèches d’argent Au tourniquet des libertés. Viens et me dis Récit incompatible Tout là-haut Sans heurter les étoiles Au milieu de la foule. À l’aveuglette Sur ses flancs arrondis Montaient les hommes en besoin d’affection Alors qu’émergeait à des millénaires de là Le Vivant endormi de la Poésie. Sans se plaindre À mi-pente de l’ascension Il fût bienséant d’attendre la foudre Et son claquement sec de la langue Pour saupoudrer de blanc les rêves de la nuit. 1447
Six heures quinze
Six heures quinze De la clarté dans le sombre du ciel Les prémices, la proche présence du feu de Dieu Puissance Calme Le cœur bat Chamade douce Aspiré par la lumière Élevée. Guetter Prêt à la lecture du grand Tout Et de ses signes au-dessus de l’horizon La barrière des nuages Surmontée d’un trait de clarté L’espace bien dégagé qui élargit le cœur Vastitude du ciel et du cœur Le cœur c’est le ciel Je suis de là-haut Je suis de là-bas. Quelques tâches rougeâtres À l’emplacement de la future venue Se mettre à l’unisson Élargir les bras Creuser le ventre Prêt à recevoir la clarté. De petits homoncules traversent la rue Quelques uns courent D’autres laissent passer les véhicules. La plage du ciel propice à l’accueil est large Une grosse larve de nuages progresse de gauche à droite Un larve annelée qui grossit grossit À droite, calme et serein, le ciel attend Au dessus de la larve, l’immense vide Un halot orangé clair monte à l’horizon Ça vient Rien ne m’appartient Et pourtant je suis bien là Au plus prêt de ce qui est. Un pigeon se pose sur le lampadaire Il repart. Le triangle pubien clair de clair Fente fine et profonde au centre de la matière Juste entrevue Les larges cuisses refermant l’ouverture. Le mirliton des teintes douces S’essaye à quelques touches pastelles. Les membres se déplient Un coude L’attache avec le cou Un muscle rond Le sein à l’aréole affirmée La déesse dans un lent élan se farde devant l’enclume La liberté guidant le peuple Les musiciens rejoignent leurs places Un premier son s’élève Puis d’autres en désordre Les musiciens se cherchent Sur l’os de seiche de la philharmonie De la gauche vers la droite en avant toute Les cuirs et les anneaux se tendent Le convoi se met en marche Là, un linge blanc L’ourlet avec le rien Le crémeux de tes yeux L’oiseau de la rambarde s’est envolé Le frein retient la turgescence Coquille des espaces. Sept heures quinze. Faut-il qu’il m’en souvienne L’amour venait après la peine. Les premiers rayons jaillissent À l’horizontale La bedaine des nuages s’éclaircit Déchirure Vagissement muet de l’aube Les rayons balaient le dessous des nuages. Un peu d’eau fraîche À la tienne Soleil ! Pour ne pas retenir l’élan qui luit vers celui qui est. Plusieurs pigeons se rassemblent sur la rambarde La tête tournée vers le soleil. Là Un pilier Une aspiration Un masque vénitien Les yeux séparés par un nez acéré. Il clique Puis jaillit Hors les limites bordières Le disque se démarque de sa gangue. Il luit Le regard vers le bas Ses pinceaux lumineux Rencontrent la brume qui monte des vallées. Le sourcil épais De l’eau dans la gorge De l’eau et de la lumière Bonne journée toi le jour d’aujourd’hui ! Don de lumière Sur les pylônes de la voie ferrée Un train entre en lumière. Il est un temps pour tout Et les doigts fins de l’infirme d’hier pianotent Sur le suc de la Vie. 1446
Barcarole à Jouy
Barcarole à Jouy
Devant cette pièce d’eau noire
Le bruit de l’eau sortant du bief
Douche permanente
Provenant de la roue moussue.
La passerelle de bois humide et glissante
À la rambarde inégale et branlante
Jouait avec les reflets de l’eau du gué
Pierres jointives et dorées
Permettant de suggérer l’autre rive.
Le feuillage abondant s’inclinait au–dessus de l’eau
Les lumières du soleil constellaient la frondaison
Tout était mouvant et frissonnant
D’éclats scintillants
Féeriques et menaçants.
Match équilibré
Mais entre qui et qui ?
La peur et la beauté
La fascination et la profondeur
J’avais onze ans et entrerai en sixième en septembre.
Grand’mère Danube était allée rejoindre sa sœur
En autocar du parc de La Villette jusqu’à Jouy
Elle nous avait sorti de Paris
Moi et Muriel la fille de tante Guitte
Saint Chrême enchâssé dans son écrin émotionnel.
Muriel avait neuf ou dix ans
Une brunette aux cheveux bouclés
Et aux yeux de jais
Qu’une autre fois j’emmenai promener entre les blés
Le cœur battant en nous tenant la main.
1445
La barque de l’avenir
Grandes et belles bougies Dans le cadre sombre de la chapelle Saint Bénigne avait raison Pas de rapatriement Avant le couvre-feu d’un bris de vitre. Puis s’en retourner chez soi Dans le blizzard À grandes enjambées En évitant les plaques de glace Sans attirer l’attention du plus offrant. Les chiens pouvaient se disputer L’os à moelle des convenances L’un d’eux s’échappera Du corps à corps insipide des efforts Pour soigner le mal par l’incartade du soi. Pierre à feu Feu du fer contre le mur J’entends le creux des flammes Se rebeller contre le tisonnier de mon enfance À fleurir la barque des jours. 1444