Je n'étais pas disposé à laisser ces traces dans le sableles aiguilles de genévrier piquaient la paumel'enfance dardait ses yeux vers le Plomb du Cantaltant que la main tendre se posait sur son épaule. On avait arraché la tête des chardonsle petit berger courait derrière le troupeau qui avait pris la moucheles gerbes portaient lourdes sur le grand paillerl'arc - en - ciel levait un sourire discret derrière le talus. Je tenais le bâton fermementpour remonter les vaches de l'abreuvoirécrire des signes sur la terre nueet le faire siffler dans l'air. Grand'mère fuyait son canceren sortant dans la froiduregourmander son hommede faire trop travailler le petit. Le coq avant d'être saigné comme il fallaitavait battu des ailes avec vigueuret quelques gouttes de sang hors le bolembrasaient les galets de l'écurie. Crier n'était pas mon forles gamineries n'avaient pas lieud'être fouetté par la consigne était mon dûau gré de l'averse froide de cette fin d'été. Les petits bateaux d'écorce de pinvoguaient sur la flaque d'eau de la routele vent tapait les volets contre la pierre noireil y avait foule d'esprits en ce lieu. Le plat de lentillesse déchargeait de ses caillouxauprès du feu de cheminéeoù séchaient les linges de cuisine. Mettre ses sabotset quatre à quatre monter l'escalier sonorevers la chambre aux ratspleine de l'odeur du porc salé. Le vent agonisaitens'engouffrant par les trapilloux du grenierPierrot allait partir pour l'Indochinevers cette jungle mille fois évoquéesur le lino de notre chambre parisiennema sœur et moi. 659