Category Archives: Taʻú 2025

Ko ia pe

Ko ia pe
Qu’on aille à sa rencontre
Flétrie des on-dits de la mémoire
Elle écarte l’imprévu
D’un doigt
Hors du cadre de l’éveil
En ablation de la vision
Retournée comme enfant au verbiage
Usure de l’instant
Contre le mur d’un retour
Sans éclipse
Comme s’assoir à même la pierre
Étoiles des cinq navires associés
Aux guipures de velours
Lourds de poussière affinée
Éternel retour
La poésie se blesse à nous
Acte cassant hors du sommeil
Festin sans épilogue
Au soleil éblouissant
D’une musique mugissante
Qu’un feu d’herbes sèches assèche
Faridondaine des amours de toujours
Parodie de Vérité aux précautions terribles
Entrant en gravité
Tel l’oiseau à tire d’aile vers le crépuscule
D’un jour nouveau
À la teinte océane
Horizon d’arbres et de cognées
Posées au centre de la nuée
Au vertige d’éclipses
Échancrant la pensée
Missiles gavés d’hybris
Annonciateurs de l’ouragan
Fulgurant
Et pagayant de guingois
Sur un monde mort
Sans laisser de charnier
Sous l’ombre de la Cité
Passage obligé
D’ici et d'ailleurs
La lumière qui jaillit de la nuit.


1574

Entrée Sortie

Entrée
Sortie
Ne dépendent que de nos avancées
Cette mise à jour continuelle
À faciliter la jonction
Entre Lumière et Matière
Ces deux parties de notre cerveau
Mises en exergue de notre origine
Calquée sur le flou des abysses
Pour parler de Soi
Quand le reflet se fait hiérarchie
Sur notre planète
Refuge aux hasards des suppositions
Depuis qu’en bout du tunnel
D’ardentes et bonnes manières contenues
Avons mené notre vie
Selon le plan de notre être intérieur.

Point de freins
Les colonnes de l’absolu
Ont maintenu le plafond des circonstances
Hors d’atteinte
De l’amas des galaxies
Promptes à manifester leur existence
Par le petit bout de la lorgnette
Tenue à bout de bras par l’homme vitaminé
De la Science le phénomène alpha
Alors que s’enfle la nécessité
D’aborder les épreuves au tamis des bifurcations
Heureux décorum d’un avenir fait des pleins et déliés
D’un accéléré de l’information.


1573

Fakafanongo kapau ʻoku ʻuha

Fakafanongo kapau ʻoku ʻuha
Et puis pas
N’écoute pas
Sois le pas de plus.

Regarde et suis
L’autre là aussi
L’ombre portée
Du prix à payer.

Mange et digère
Pauvre hère de là-bas
Sans hâte sans repos
Le mégot au coin des lèvres.

Se rebeller
Belle engeance des enfants
À la queue leu-leu
Sous le regard des freux.

Feu de terre
Feu du ciel
J’attache donc je suis
L’araignée d’eau du sans-soucis.



1572


Un puits sans

Un puits sans …
Organes à vif
Cœur saignant
J’ai ouï dire que le vent est
Aussi suis-je sorti de ma verte campagne
À ne pas me plaindre
Ni être contrit par le dérangement
Juste en haleine
De l’autre côté de moi
De cette aube promise
Quand le chemin sort du bois
Puis y revient
Comme la veille
Sans l’ombre d’un doute
Au creux des épreuves
Que le hasard distribue
Sans que l’on me hèle
De la porte aux trous de vers
Ceinte de l’aumônière
Au puits sans …

1571

Effluve singulière

Effluve singulière
Du mirliton des occasions
En perpétuelle immobilité
La mort à petit feu
S’est éprise de l’ouvrage.

Exercice en mouvement
Barre fixe de vague en vague
Il eût été possible de neutraliser les forces disponibles
Pour dédoublement nécessaire
Inscrire l’instant épique.

Accomplissement polarisé
En mutuelle contemplation
L’ordre d’arrivée n’étant pas de mise
Nous pûmes recueillir sous l’égide du cœur
La puissance d’être à deux.

Débarrassées des scories
Purifiées et allégées
Les âmes-sœurs se sont jointes
Comme mars en carême
Aspirées par la diastole du couronnement.

Autour de nous
À portée de main
Le besoin d’un clignement d’yeux
Tout droit sorti du fermoir damassé
Permet de passer d’une réalité à l’autre.

Le Verbe vibre
Force de la parole juste
Éveil des délicats mécanismes intérieurs
Moyen nous fût donné en gratitude d’être
D’extraire le noyau de sa gangue.

( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )

1570

Te voilà étamine épelée

Te voilà
Étamine épelée
Aux lieux modifiés
De toute éternité
Sous les bois de la loi.

Passent les années
D’eaux sculptées
À la belle saison
Pour retour à la maison
Ne rien laisser paraître.

Sagacité feinte
De l’actuel au virtuel
À brasser le néant
Faire surgir aisément
Les linéaments du silence.

Saluer l’offre et la lumière
Économise l’entregent de la misère
Recroquevillé comme sabot de Vénus
Autour des lèvres
Surjouées de mousse fraîche.

Pile à l’aplomb
Au débotté d’un foisonnement de mots
Les fourmis de l’à-propos
Ont guigné les pans de l’esprit
D’un matin de chants d’oiseaux.

Les feuilles tomberont à l’automne
Dénouant le plein emploi de nos peines
Alors qu’invisible
La brise marine aux ailes d’elfes
Ira se déployant jusqu’aux nues.


1569


Elles

Cornes pointées de fer
Elles tournent leurs redoutables têtes
Herbes enchantées pour couronnes
Qu’elles pendent aux esses inconcevables
En disant transformer le monde.

Elles lui prennent la main
L’Étranger à la voix douce
Lui demandant de l’aide
En lui disant que ce n’est pas l’ignorance qui les trompe
C’est l’amour.

Elles ressemblent à de grandes chauves-souris
Aux ailes de vaisseaux chylifères
Elles frappent le sol de leurs pieds griffus
Lieu de gémissements fumants
Elles roulent et leurs poitrines résonnent.

Entrailles de terre fécondée
Elles surgissent sur la plaine
Et accouchent
Venin vigoureux elles croassent
De leurs fines dents de diamant.

Le roi s’est assis au milieu d’elles
Alors elles soufflent le feu
Formidable brasier
Aspergé d’eau
Par le rire de l’Oiseau.

Elles ont chassé les étoiles palpitantes
Brandi le sceptre d’ivoire
Pour taureaux aux pieds de bronze
Envahir de leurs cris
Les poils pendants qu’elles caressent.

Elles sont suivies d’autres et puis d’autres
Aux bras rouges de sang
Jusqu’à se confondre avec l’horizon
Elles peuvent en manger
De l’homme.

En haut du tertre
Narines dures
Elles brûlent et détachent de leurs ceintures
Les pans de soie
De leur accouplement d'être.

Les lances aux bouts pointus
Ont atteint leurs cibles
Pour étonnamment gonfler de courage
L’arc-en-ciel des merveilles
D’une brassée de fusils.


1568

Le vivant étendu de son long

Le vivant étendu de son long
Aux arcanes mes sœurs
Faisant outrage aux bonnes mœurs
S’est joint de Malaucène
Le crépu des morts de faim.

En Gaspésie la poésie s’était invitée
Arguant que le vide est vide
Que la couleur est interdite
En ces contrées où l’art trait à trait
Darde pinceaux et couteaux.

Fuligineux passage
D’entre les corps
La croix des moines
Ourle d’un carambolage serein
L’effraction du matin.

Puisatier à ses heures
Vénérable vieillard assis sur la margelle
Il eut contraint les oies sauvages
De s’astreindre à l’obligeance
De survoler le calligramme.

Me soigne mon cœur
Du rejet de la philosophie
Posée calme éclat
Sur la pierre des astreintes
Aux interlignes étirés.

Le jour se lève
Les lapins sortent des fourrés
La musaraigne cligne du museau
Une faible lumière monte à l’horizon
Il est temps de se mettre à l’ouvrage.

( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )


1565