Category Archives: ʻOkatopa 2024

Belle lettre envolée

Ce matin
J’ai essuyé la suie
Dans l’encoignure de la fenêtre
Pour message d’amour de tous les jours
Orner les joues
De traces noires
Avec mes doights gourds.

Pour aller à la guerre
Il les fallait
Ces marques à ne pas se faire voir
Être vivant sans être vivant
D’instinct je le suis devenu
Adepte de la nue participation
Au colloque des araignées d’eau.

La terre était verte
De l’herbe avait poussé dans le désert
Et le Petit Prince
Pouvait cueillir la fleur suprême
À déposer au cimetière Saint-Ferjeux
Simple travail en lumière
Au retour de l’arrière.

Battre campagne
À grandes enjambées
Chapeau bas
Mains dans les poches
Augure soucis de gestation
Quand la goutte au nez
Se joint aux lèvres de la parole.

Nuages nuages
Les champs seront enclos
Sans que les mots ne paissent
Dans la prairie du bas
Qu’il fallait préparer
Avant d’élever le palais
Des enfants obstinés.

Croix de bois croix de fer
Si je mens vais-je en enfer
À l’abri des sous-bois
De colère apaisé
Qu’un coup de vent
Souffla comme cendre
Belle lettre envolée.

1510

Lumière écrite

Lumière écrite
Contre le tronc du chêne
Évocation de l’absolu
Se savoure le jour
Des pierres posées
À la vie surabondante
Que rassure
Le regard et la bonté
Attentif amant
En quête d’un rayon soleil
À la vraie contorsion
Par le biais des mots
Que l’homme assis là
Inocule
Comme bébé tétant le sein
De l’outre renversée sur la dalle
Dans l’échappée de ce qui fût
Bien avant que le plaisir advienne
En excès de liturgie
Par temps de pluie
Au déploiement de la houle des galaxies.


1509

Onctueuse cicatrice

Onctueuse cicatrice
Du chêne à la veillée
Que le banc graphiquement
Accompagne d’un oubli
Aux courbures complémentaires.

ʻI ai, souffle l’esprit
Où le verbe se fait chair
Incarnée vivante prise
Du trait la belle espérance
Comme en marchant.

Musique du silence
À la feuille légère
Entrer en résonance
Avec le royaume de ce monde
Pur abandon de la virtualité.

Le paysage à hauteur d’épaule
Sommes déployés
En intimité ardente
Avec la route des migrateurs
Que le grand nord appelle.

La grêle des mots
Recouvre d’une caresse visuelle
Les mutations changeantes
D’un infini-fini
Que le dit non-dit accapare.

De l’un à l’autre
L’eau et l’arbre
Tressent le lien indéfectible
Du point de beauté
Avec la perpétuation de l’accablante nue.


1508

En légèreté de l’amour

Hors temps
Hors dimension
Hors époque
Les dinosaures se sont tus
Au reposoir des années passées.

Le roc acéré
Pic-épeiche de l’annonciation
Fait charnier des petits animaux de rencontre
Etreinte dernière
Aux closures de l’esprit.

Le fulgurant rai de lumière
Ecarte cœur battant
Le verbe créateur
Que la présence de l’ange
Ausculte en descente du train.

Passer à la ligne
Revient à dialoguer avec soi
Le sens faisant silence
Tel trio pour violon
En médiation d’imbroglios.

Farine de l’air
En explosion de la matière
Devant le regard lavé de tout préjugé
Nous plonge dans l’attente
En ignorance du bien et du mal.

Se joignent
Les dix doigts de l’homme
Sur le visage de la femme
Œuvre de grande clarté
En légèreté de l’amour.


1507

Bien au-delà du cachot

Bien au-delà du cachot

Au ciel blanc et noir
Parfois si beau
De le posséder du regard

À la mer
Sereine et aussi déchaînée
La peur et l’aventure mêlées

À la terre
Gardienne de l’herbe et de la fleur
Où reposer sa tête

Le chemin
Incliné vers l’aval
Comme table ardente
Sur laquelle la bougie cohabite
Marqueur rieur
Pour l’être nu et décharné
Montrant du doigt
Les premières tâches d’encre
Sur le cahier de classe
Alors que dehors
Le jour décline
Dans la poussière du soir
À l’arrière du charroi
Une fiancée sur chemin de campagne
Agitant une dernière fois
Cœur en linon
Orné d’une large dentelle à l’aiguille
Mantille légère
En souvenir de la galette noire
Partagée sur les bords de la Leïta
Sans bond sans forme
Pour respect de l’arc-en-ciel
Jailli des flocons de neige
Parcimonieusement distribués
Accueillir l’âme éternelle
Bondissante
Par-dessus l'allée couverte.

1506

Bleublue

Bleu "blue"
La lune en chute libre
Cataracte à point nommé
Entrer yeux fermés
Au cœur d’une prière
Que les forces du ciel déballent
À même la pente
Comme pour protéger
L’autre vie
Celle de chair et de sang
Aux dépens d’une suspension du souffle
Parole fatiguée
D’un attachement hors pair
Que l’obscur faut sien
Devant l’affamé
Part manquante des contrées océanes
À la voix remontante
D’un ciel déchiré
Par l’enfant allant à l’adulte
Comme l’adulte à la mort
Se dépouillant de tout
Dans l’effondrement
D’une identité de pacotille
Devant le rien nu et fraternel
De l’écart de langage
Attisant quelques mots de braise
Sur le devant des fenêtres d’avenir
En échange de la création
Toutes nuances de papier crépon
Enfouies dans la fente
Entrailles frémissantes
En retombée de l’alliance
Si près
Tout autre
Aux ressources d’intime
Inaugurant la venue
Hors la loi
Comme faire parvenir de l’encre
En limite d’apnée
Là où désadhérer la coque de noix
De la naissance au beau désordre
Vie vivante
Amoureusement neuve
Des pas sans entraves
À folle allure
Aux sources apaisées
Sur les terres découvertes
Propriété invisible
D’une clarté finissante
En sortie de la nuit
Egrenant le ballant de l’horloge
Nima ʻi he nima
Avec l’interlocuteur privilégié
Celui qui sait
Pour qui le temps est
Ultime décision
Avant de quitter la vie-proposée
Pour la vie-en-existant.

1505


L’aigrette garzette

Passer le temps dans le noir
Et quand l’oiseau est blanc
Ouvrir la fenêtre

La toupie des phrases
Tourne tourne
Sur l’onde au diapason

L'aigrette garzette
Organise la venue des mouettes
En remontée de la marée

Fine résille
Posée sur la vase
Elle caresse le reflet de la merveille

À dévisager le coucher du soleil
Un masque d’or
Couvre le regard

Se sentir
Et approuver que nous sommes éternels
Propose le pur silence


1405

L’allée aux vingt-et-un pas


Large et lumineuse
Ne brille au soleil
Que la conscience

Plus précieux
Que les nuages
Et la terre s’émerveille

À la radio
Un vol d’étourneaux
Manque sa cible

Le héron du fond du lac
Claque son bec
Au crépuscule

Se lèvent
Les lèvres sages
À lécher le fond des cieux

C’est si bien que ça
Six doigts sur la clenche
À fêter le dimanche

Humeur vagabonde

Papiers envolés
L'ange raccroches ses ailes

À l’extrême-droite
Du domicile conjugal
Le fouet de l’enfant

Au sycomore des champs
Branle de la tête
Le caducée des aigles

Ces femmes
Ça monte au cœur sans bretelles
Sous le dais des émotions

Passante passagère
En remontée du mystère
Courir terre à terre

Les mots
Des roches sans coquilles d’escargots
Dans l’allée des souvenirs

À la marelle
Sauter de dalle en dalle
Armé de la cuirasse des illusions

Manuscrit bouclé
Lourde est la folle avoine
Des relents de l’été

Les parements d'or
De ma poitrine d’airain
Ont ensemencé la Leïta

Cette plume
Qui jusqu’à terre
Rassemble les énergies de l’air

La lourdeur rassure
La légèreté fait horreur
Vivre la vie qui frotte

S’ouvrir et s’écarter
Pour que bascule se fasse
À la clôture du moi

Toutes nuances d’amour
Passant de l’un à l’autre
Un bouquet de roses à la main

Rien
Juste diminuer la lumière
Pour que clarté advienne

Au vingt-et-unième coup de minuit
Arrêter de compter
Donne au silence sa tendresse

1504