Avec du bleu partout sans bleu à l'âme avec du vent à perdre haleine mais sans vraiment la perdre avec une tendresse de l'air sans mouche carnassière avec un arbre des tropiques qui ne pique pas avec la mer mais pas trop froide et sans requin avec des bateaux sur lesquels on pourrait monter avec des vendeurs de chichis qui soient beaux et ne projettent pas de sable sur le bronzage avec des enfants qui ne crient pas avec un soleil qui ne soit pas trop chaud avec une baraque à frites pas trop loin avec un polard à lire qui ne soit pas trop glauque avec une serviette de bain suffisamment large avec des lunettes de soleil sans traces de doigts avec un parasol qui ne s'envole pas à tout bout de champ avec un smart phone à la sonnerie pas trop agressive avec des heures non comptées devant soi avec une douce sensation de faim qui fasse penser au barbecue du soir avec le bruit des vaguelettes qui viennent caresser la grève sans raclements disgracieux avec un ciel où les avions ne traîneraient pas leur pubs illisibles avec un ventre pas trop gros qui me permette d'apercevoir les orteils avec une crème bronzante qui ne tirent pas les poils en séchant avec juste ce qu'il faut de sueur montrant que la graisse fond mais sans dégouliner avec une calme détente à chaque respiration en espérant que ce ne soit pas la dernière avec une plongée dans un demi sommeil accompagné de papillons volant dans des cieux d'azur avec la possibilité de saisir une poignée de sable sans rencontrer un mégot avec le projet de ne rien faire malgré ce mental qui nous ronge avec une pincée d'infinitude sans penser à ce qui vient .
La mer au cru d'un bleu des origines je m'y jetais je quittais le radeau des convenances et tenais gente damoiselle contre mon giron l'eau était tendre et propice à l'avancement de la situation au large étale sans terre à l'horizon immense aux fines ondulations régulières et frissonnantes l'onde transparente je distinguais des galets par le fond je nageais sans hâte sans but un temps infini .
Apparurent des côtes je m'approchais le paysage était décharné tout était blanc de cendres d'après le cataclysme des arbres déchiquetés pas de feuilles pas de verdure je longeais le littoral une crique j'accostais une maison en bordure d'un amas de végétaux fossilisés vestige d'une forêt d'antan gigantesque cimetière dressant ses moignons vers un ciel d'airain une maison avec un échafaudage tout autour des êtres humains devaient avoir repris possession du lieu après la terrible épreuve je déposais gente damoiselle et la suivis vers la maison une bâtisse de pierres à deux niveaux devant la porte alors que nous nous apprêtions à toctocquer s'ouvrit telle une rafale de vent un souffle qui nous aspirât un printemps nous enserrait une petite femme toute de noir vêtue d'une toile souple la tête recouverte les pieds nus dans d'épaisses sandales de cuir à lunettes et visage ridé parue pour nous entraîner vivement dans un intérieur sombre les deux femmes semblaient se connaître je n'eus droit qu'à un coup d’œil furtif comme si je n'existais pas mais étais-je vraiment visible ? au travers de cette traversée que j'effectuais sans effort animé d'une tâche à remplir n'étais-je pas un esprit ? s'engageât là devant moi simple témoin une conversation animée pleine de joie de variations dans la voix deux bouquets de fleurs multicolores des pépiements d'oiseux joyeux s'entrecroisaient au jeu des mains et des regards lumineux un chant gracieux fait d'allégresse dont je ne comprenais pas la langue je n'étais pas des leurs j'étais le passeur qui permettait leur rencontre alors je disparus fort de l'oeuvre effectuée .
Depuis ce temps le murmure n'est plus le simple accord mélodieux des éléments de vie rencontrés il est charmille épaisse en la vie revenue et rire des enfants à la remontée du chemin pierreux qui longe la maison désormais familière .
Ne plie pas devant le sommeil sois le joyeux pourfendeur des mystères pour la même scène passant et repassant savoir dire que l'événement est trousseau de phrases et que dans la vieille querelle du réel et du songe la porte est au milieu des effusions Sentiment vague en partie émergé d'une nuée de mensonges que le vent pousse vers la montagne pour sentences lancinantes convertir la parole échangée en grisaille de convenance .
Sois le porc épic des remontrance sagaces et si le pas te presse tel l'escargot sur sa sente luisante remise en tes granges le paquetage inutile des succédanées ceins l'étoffe de lumière va à la fête et découvre ton cœur.
J'avance de marbre en première ligne dans cette possibilité de nous rejoindre en nos épousailles de vérité vraie .
Je marche mémoire d'empreinte de ma gorge sort l'ineffable au crématoire des jeunes gens refusant l'épuisement .
Et puisque la vie est "voir" je me dissous au rivage de la grâce en somnolence fraternelle découpant en fines lanières colorées le visage tant cherché le visage de l'enfance le visage de tout homme en quête de lui-même .
Et si tout était affaire de silence bien plus que de musique .
C'est clos mais prends garde là est l'insoumission de pleine lumière là est la rectitude d'une vigilance à l'arc souple là est le seuil des boues de grandes lessives là est l'ambition de marcher sur les traces de ton nom là est l'intime circoncision de la gamme des échanges élargie aux confins de l'univers là est la responsabilité d'une conscience impeccable là est la couture assemblant d'un fil écarlate les étoffes de chair et du verbe là est le passage que le pas des moutons foule rageuse conversation sur le chemin coutumier là est la feuille d'arbre lâchée au vent d'une terre lointaine là est la nuit des douleurs et des tentations ourlée par l'aube qui point . Ainsi va la nef accomplissant son office maîtresse d'exil et de vanité jaillissement de larmes au chevet de la finitude transmetteuse hors le sexe la fortune et la puissance le message qui n'use pas le cœur ni ne dessèche le sang le message des guerriers bien plus que celui des époux le message enflammé hors fatigue et regret le message dévoilé par le voire et l'entendre le message de la joie des vœux définitifs le message de la grâce et du sourire le message de la rosée tombée au matin de la Saint Jean le message des fruits que l'on offre Le message qui jamais ne se referme la gratitude du jour .
L'homme détient les clés de son fragile équilibre . L'homme est le créateur aussi bien de son enfer que de son paradis .
Parfois quand de
noirs nuages s’amoncellent et que la déroute plante son drapeau noir, ton
cerveau se brouille, tu cries. Un cri au-delà de la douleur et de l’appel. Un
cri aux causes abyssales. Un cri de personne humaine en proie à une rencontre
improbable. Un cri qui dérange notre entendement habituel. Un cri outrancier
qui veut nous montrer quelque chose. Mais quoi ? Qu’as-tu vu ? Quant à tes
émotions, je n’ai pas la clé pour les décoder .
Tu erres dans ces
contrées entre chien et loup, là où la grisaille d’un hiver saturé de givre
grapille des images d’antan, où les vapeurs du marigot des origines
modifient la conscience, Muaj, où se croisent hallucinations et visions .
Tu es entre la vie
et la mort mais la vie est la plus forte, même dans le dernier voyage, et c’est
ce qui nous permet de ressentir la fragilité de cette vie, son visage unique et
que fort de cette expérience ultime nous soyons de chair, d’esprit et d’âme les
transcripteurs du grand mystère, nous les innocents, nous les adeptes de
l’Emerveillement .
Tu cries et je
t’entends au travers des couloirs de cette maison de retraite que tu n’as
jamais pu faire tienne, tant ta difficulté à communiquer et à t’adapter était
grande .
Ce ne sont plus des
“Madame !” que tu profères mais de longs gémissements qui montent du
profond de ton être pour s’adresser à quelqu’un d’indéfini, que tu ne peux
nommer. Te sauver d’un danger ? Te soulager ? T’aider à franchir cette épreuve,
ce bouleversement de l’être qui s’enfonce dans le labyrinthe fait de traces
mnésiques et d’impasses ? Tu ne sais pas quoi demander, ta main décharnée serre
ma main. Tu ne me demandes même plus de revenir chez toi, à la maison .
Tes fonctions
vitales se sont réduites au manger et au dormir, et quand je m’éloigne ta
plainte prolongée broie ma poitrine comme dans un étau et essore mon coeur .
Quant je te quitte
après t’avoir embrassé, j’ai l’impression que ce sera la dernière fois ; et
puis je ne reviens pas en arrière car je ne sais pas quoi faire pour t’aider,
pour te rassurer, pour te calmer. Lâchement je t’abandonne, et alors je
culpabilise !
Dès que je quitte l’étage où tu résides et que l’ascenseur atteint le Rez-de-chaussée, je n’entends plus tes cris mais néanmoins ils continuent de résonner au plus profond de mon être. Je suis abandonné. Je suis laissé de côté, moi le mal né … comme toi peut-être. J’essaye de me faire à l’idée que je n’ai plus de papa, je suis triste, je suis bouleversé, une grosse boule monte de mon ventre. Je me calme, je gère la situation tout en subissant un arrachement viscéral. Tes cris me suivent quand je médite, quand je marche sous la pluie, dans le vent, sous le soleil et j’entends ta voix m’appeler, doucement, très doucement telle une caresse, ta caresse, que tu me prodiguais quand dans mon petit lit d’enfant j’avais tant de mal à m’endormir .
Tu ne demandes
expressément plus d’aide, tu sembles nommément ne plus demander de nouvelles à
tes enfants. Tu es seul et le brouillard qui t’enveloppe suggère l’envol des
corbeaux par un matin d’été frileux dans les hauts arbres qui bordaient le
canal à Briennon .
Tu es là à attendre qu’une porte ultime s’ouvre dans le mur de cette chambre que tu n’as jamais investie. Tu es le passe-murailles d’une occasion à ne pas manquer. Tu attends un dernier train qui siffle dans le lointain mais qui tarde à apparaître. Tu n’as plus rien à donner. Ce qui t’appartenait ne t’appartient plus, ce qui était ton chez soi, tu en as été dépossédé. Ton appartement a été occupé, la vaisselle du dimanche et des jours de fête a été éparpillée, même ta signature a été copiée. D’espoir, point. De sourires sur ton visage, point. La trompette dont tu jouais à été offerte à l’enfant d’une soignante. Ton dernier bagage est bouclé, et puis d’ailleurs ça fait bon temps que tu n’as plus de bagages. Tu as donné, … nous avons pris .
Parfois, dans des
moments de lucidité, tu as pu demander que ça avance un peu plus vite, que la
fin du tunnel s’ouvre sur la grande lumière terminale, à ce qu’on dit. Mais le
sais-tu ce qu’il y a après ? J’aurai tant voulu que nous parlions de ça.
J’aurai tant voulu que tu prennes cette initiative… Et c’est maintenant que
j’entends, que je mesure tout ce qu’un père est en capacité de donner à ses
enfants quant il a la conscience de s’inscrire dans la grande chaîne des
générations et que sa propre vie, unique et sacrée, est au service de l’autre .
Peut-être que ce
sera cette nuit. Peut-être dans quelques jours. Devenir froid. Que les os se
cassent comme du verre. Que le sang ne circule plus. Que l’immobilité soudaine
soit un soulagement après la souffrance. Que le tic tac du pacemaker fasse un
bruit d’enfer dans ce corps inerte .
Le véhicule noir
n’est toujours pas arrivé. Mais que font-ils donc tous ces soit-disants vivants
à boire du pastis, à jouer à la belotte, à se vautrer devant la télé,
alors que ça gèle en bord de banquise ! ” J’attends, moi, le corbillard !
“
Je me souviens du
tour de France que nous étions allé voir avec Charlot, dans les années
cinquante. C’était une étape contre la montre. Le dernier coureur à passer
était Anquetil qui avait le maillot jaune, et puis derrière avait suivi la
voiture-balai. La fête finie, nous étions rentré par le train de Versailles
pour descendre à la station du pont Mirabeau et rentrer à la maison par
l’avenue Emile Zola. Je tenais à bout de bras un sachet de papier contenant
quelques menus objets publicitaires que j’avais réussi à attraper aux passage
de la caravane publicitaire. Il faisait beau, un soleil de juillet jouait avec
les feuillages de l’avenue. J’aimais ce passage de l’ombre à la lumière et je
sautais sur les plaques de fonte ajourée qui entouraient les arbres. J’étais
heureux d’avoir passé un moment avec toi, papa, mon petit papa… Et cette
voiture-balai qui se fait attendre !
Il y a quatre ans
et demi, quand maman nous a quitté, je suis resté avec toi une semaine rue de la Jarry. C’était la
dernière fois où j’ai été véritablement proche de toi. Tu ne m’as jamais posé
de questions autres que strictement matérielles. Jamais tu n’as pleuré. Jamais
tu n’as évoqué spontanément quelque souvenir. Si tristesse il y avait tu ne me
l’a pas montré. Je faisais le “délicat” avec toi pour ne pas te faire
entrevoir mon profond désarroi et je ne t’ai pas poussé pour que tous deux nous
pleurions à propos du départ de notre femme et mère. J’avais peur que tu
t’écroules. Je mesurais déjà dans le silence que tu montrais – c’est toujours
moi qui engageais la conversation – que ton état psychique était troublé. Tu
semblais ailleurs de tout ça. Ton manque d’émotion me faisait froid dans le
dos. Je n’ai pas su trouver les mots qui t’auraient fait te dire, te contacter
dans ta sensibilité. Je savais que tu étais déjà un peu parti .
Le 23 juin, date
anniversaire de la naissance de maman, je prierai pour toi, papa. Que tu sois
de ce monde ou ailleurs peu importe, tu n’es déjà tellement plus là. Ton
départ, tu l’as anticipé depuis longtemps. Tu as vendu la maison de Saint-Flour
comme pour clore un épisode de ta vie, comme pour brûler ses objets familiers
parce qu’après toi il n’y aurait rien, rien que des étrangers qui fouilleront
dans tes affaires, rien que des envahisseurs qui vont tout saccager. Tu n’as
pas insisté pour que nous gardions cet ancrage familial. Tu nous as donné
l’argent de la vente sans te retourner, sans prononcer de
discours. D’émotions, point ; comme si quelque chose de toi était mort
depuis bien longtemps. Tu étais déja sur le départ. Dans les semaines qui
ont suivi tu as eu un grave ennui de santé dont tu t’es heureusement sorti. Et
depuis tu attends la suite. Ce n’était pas ton heure. La ligne de démarcation
passée, tu faisais comme s’il ne fallait pas se retourner. Question de vie ou
de mort ? Fuite en avant ?
Dès lors que la
terrible sénilité t’accable, que tu n’as plus ta tête, que la trinité
de la dépression, d’Alzheimer et de la démence nous oblige à l’épreuve que nous
devons traverser, toi et nous trois tes enfants qui sommes ainsi convoqués en
tant qu’êtres de conscience et de compassion, de vulnérabilité, de transparence
et de sang-froid, de réflexion et d’entendement à ce qui est ; nous nous devons
d’être les témoins du grand oeuvre de la vie et de la mort pour nous soutenir
dans l’accueil et l’entre aide afin de prêter main forte à ceux de nos proches
qui en ont besoin. Nous ne devrions rien avoir à nous cacher. Nous devrions
rester unis. Nous devrions nous parler. Les non-dits n’engendrent que repli sur
soi, rejet et méconnaissance de l’autre et bien du malheur à nos enfants et
petits enfants par l’ombre qu’ils jetteront sur notre mémoire collective .
Quand j’entends le
glas de la finitude au clocher de l’existence, j’écoute, je vois, je suis
triste, je pleure, je suis seul et ma solitude je la consomme avec mes proches,
je la partage avec les miens que j’aime et qui m’aiment. Je la mâchonne, je la
distille, je la “manduque”, cette option absolue de finitude, pour
qu’elle me nourrisse et m’aide à croître .
Muaj, je prierai
pour toi, pour t’accompagner, pour te soutenir, toi papa, corps et âme
associés, pour parcourir avec toi ce chemin qui va de chez toi au cimetière où
demeure maman .
Papa, je te
promets de faire mémoire de ton histoire de vie, et d’honorer cette esquisse
existentielle qui tu m’as transmis afin de faire fructifier la vie que tu m’as
donnée, afin que fleurisse cette envie de faire plus que ce qui nous a été
donné. Et ce, afin que cela soit de “la bonne ouvrage” utile
pour ceux qui nous suivront .
Il est un temps
déraisonnable où l’on met les morts à table pour un dernier repas, hors faim et
soif matérielles mais plein de faim et soif symboliques et spirituelles, afin
de recueillir les miettes de vie qui nous permettront de grandir sur notre
chemin de connaissances et de sagesse, de donner sens à sa vie et de s’effacer
en osmose d’amour devant ce qui est .
Papa, dans ta démence, émane une aura où affleure, pure et limpide, une valeur profonde. L’ego brisé cède la place à l’essence humaine. Et pour celà tu es précieux .
Le 23 juin, je
penserai à maman, je penserai à toi papa, je penserai à vous deux, mon frère et
ma soeur, et ferai promesse de vivre ces dernières années qui me sont
imparties, le plus simplement possible, dans l’écoute, la pudeur, le respect de
la personnalité de chacun, le soutien et le conseil, à tous ceux qui seront en
difficulté .
Nous ne devons pas
nous faire de mal et avoir le courage d’échanger, d’entrer en contact avec nos
proches, avec autrui, même si cela semble difficile parce pas très habituel
dans notre culture familiale. Le silence s’il peut être régénérateur de soi à
soi dans la méditation et la contemplation, est néfaste quant, se transformant
en mutisme, il éteint la lampe de l’espoir .
Et puisque par chez nous tout fini par une chanson ou un mot gentil, disons qu’il ne faut pas peser ni sur son prochain, ni sur les autres, ni sur cette terre pleine du mystère de la création pour que nous, les “vivants en marche”, demeurions en communion avec l’Autre qui reconnaîtra que nous sommes tous frères si nous nous aimons les uns les autres .
Ce carrelage fait d'hexagones rougis . Cette allée d'arbres bruissante d'un printemps pluvieux . L'escalier à la rambarde de fer forgé . Ce jour par dessous la porte de la chambre qui laisse monter les éclats de voix provenant de la salle du restaurant . Ces fenêtres avec leurs ferrures à l'ancienne . Ce volet de bois mal fixé qui bat contre le mur quant une rafale de vent se lève . Telle l'armoire avec sa vitre miroir d'un temps entreposé .
Être là à l'ombre des choses en place assis dans le fauteuil défoncé des entrelacs d'idées mal négociées enturbannant mes pensées souvenirs psalmodiés par une petite voix intérieure je pris mes cliques et mes claques boîte à images et carnet de moleskine pour aller péleriner aux effluves d'antan .
Froidure et pluie métamorphosaient le sombre de l'air en plein après-midi discret passage à cet état d'écoute permettant d'être dispos pierre sur laquelle bâtir la cité des frères Jérusalem céleste sans ses anges rendus visibles Jérusalem juste existante pour accueillir le marcheur d'âmes en quête d'un détour probable vers l'état prémonitoire des repentances en quête de souffle et de lumière sur lesquels chevaucher chercheur rendu à sa besogne l'arceau d'un jeu de croquets alors obsolète devant la maillet de la vacuité le fomentateur des rencontres désirées celles que la disponibilité sans attente permet de faire éclore même au déplié des heures creuses alors que monte d'entre les frênes et les ormes le chant froissé de pluie et de couleurs mêlées au jardin lumineux et parfumé phrasé de pleurs en printemps à la confluence des charges sonores d'une eau rageuse raclant de galets invisibles les marmites de géants .
De l'eau de l'eau à foison assignée au feulement incessant d'un chuchotis animal froissement d'une voix contre la paroi de basalte gouttelettes de perles au diapason d'un son guttural claquement des mains velues contre le roc ensanglanté.
S'élève la monocorde allégeance le faisceau continu la plainte stratifiée des écobuages de la cité .
S'exprime l'alphabet en ses dissonances ces frères dont la pratique artisane fut emportée par la burle vers la vallée des permissivités .
Seul le son d'une cloche par dessus le courant d'eau manœuvre à l'appel les hommes de la magnanerie alors qu'il fait encore noir par ce matin d'hiver à traverser ce pont de bois les sabots frappant de leurs ferrures le seuil de l'atelier .
Heureux événement que l'arrivage des ballots de soie hérissés de mille fils irisés hors la grossière toile de jute à l'arrêt comme hésitante d'entrer dans la goule où le mâche-menu des ferrailles associé au crissement des éraflures gargouillent du lissage des textiles fins . Maraude instantanée du garçon derrière le bâtiment ramassant vivement la musette pleine posée sur le banc poisseux du vestiaire le temps d'un saut dans l'ombre hors du ravin des attendus pour se retrouver ivre libre le cœur battant sur la sente caillouteuse hors la promiscuité du bas et haut les cœurs apporter en la chaumière sans feu les noires stries d'un à-jour imprimé sur le pourtour de son visage de châtaignes et d'oignons oings .
Message hors âge des floricoles levées d'esprit des génuflexions lasses sur le chemin des trois croix entre le Golgotha et la finitude de Marie .
Les femmes saintes seules admises à retenir par le bras les mâles de passage pour un sourire ameutés disparaître dans le taillis à la recherche de l'argousier qu'ils feront suinter sur la pierre des fièvres histoire de se mettre en marche sans compte à rebours sur le chemin coquillard .
Les femmes saintes seules admises en progression lente vers l'amour et la compassion chargées des brassées de genêts dorés à la mesure des hautes portes des granges enfouissant sous leurs amples jupes les crânes des trépassés les reins ceints d'une étoffe si rouge que le soleil levant de par son disque iridescent évoque le saint chrême de l'onction du mercredi saint celui des faiseurs de jours pour peu que la mise soit permise sur le suin safrané de la jument grise de maître Cornille ébranlé de plaisir à la vue de cette farine si blanche que le puissant déplacement de la meule pierre contre pierre fait s'envoler au gré des trilles du merle au petit jour d'un matin de mai .
De t’avoir
rencontrée me remplit de joie, toi, différente de moi et pourtant si proche .
Tu m’accompagnes
et me calmes lorsque le temps est à l’orage, que de noires pensées montent de
mes gouffres amers et que mes réparties sont excessives .
Tes fermes colères
que l’on pourrait croire feintes me sont le remu-méninges vibrant et salvateur
lorsqu’atteinte par un assoupissement de l’attention et de l’âme je balbutie de
vagues réponses devant le risque de la nouveauté .
Je t’aime, sans
l’ombre d’un doute, que même notre arrivée conjointe sur une autre planète ne
pourrait nous dispenser d’exprimer notre folle envie en miroir de chercher et
de comprendre à tous propos ce qu’est la vie .
Je t’admire
au-delà de toute considération restrictive, d’une admiration dispose et large,
que même l’envol tardif d’un perdrix devant nos pas ne saurait nous distraire .
Et pourtant Dieu
sait que j’aime les perdrix rouges qui de leur vol lourd et plat pourraient
réveiller dans un sursaut salvateur le dormeur du val que j’ai si souvent
tendance à être .
Devant notre
énergie d’hommes debouts chargés des possibilités de réalisation à venir, la
terre, notre champ d’activité, est si vaste, puissante et fragile à la fois,
sensible, amoureuse et réceptive, qu’il nous arrive même d’entendre le murmure
du commencement des commencements .
Ta parole tournée
vers l’éternelle urgence à énoncer l’essence des choses me permet de poursuivre
mon chemin, délié de toutes entraves, vers le clair ensemencement de mes
jardins les plus profonds .
Tu m’accueilles
avec tant de générosité, de promptitude et de justesse que je n’ai même pas le
temps de te remercier. Dès que je te vois, je suis à l’affût pour te consommer
avec ma tête et mon coeur, et dès que je me consume, dès ce que tu m’offres
pénètre en moi, alors tu disparaîs, alors je fonds .
Tu es mère, grande
soeur, ange et félibrige de mon coeur pour qui l’émoi que je ressens à ton
égard est de suite transformé en “sens” clair et profond au service
de mon engagement de fidélité à ton enseignement. Koj, ma flèche lumineuse .
Et puis je t’ai librement
choisie comme étant mon amie alors qu’on ne choisit pas sa famille .
Et je serais
toujours l’arc pour bander tes pensées réitérées avec force tant il est
impérieux pour toi que nous les prenions en compte. L’état du monde actuel en
dépend .
Ton message passe.
Ta parole est reine. La fluidité de ta vision m’épouse. Les traces que tu
laisses derrière toi, je les recueille au plus fort de mes perceptions et de
mes capacités mentales pour les intégrer le temps d’une communion venue .
Ton visage est
inscrit au profond de mon âme et pour peu qu’un souffle vienne à passer,
aussitôt je me lève pour reprendre ce chant mystérieux qu’au cours d’une de nos
premières rencontres je murmurais et qui depuis toujours m’accompagne lorsque
je croise ta route .
Ton regard signe
les instances de ces lieux de paix et de convocation à la vigilance d’une
attentive flamme de pertinence .
S’il arrive de
nous perdre quelques temps et que je te retrouve, aucun préambule n’est de mise
dans le premier regard que tu me portes. Tu es là, je suis là, corps, âme et
esprit prêts à la tâche qui nous incombe, ce grand oeuvre tissé de chaleur
humaine, d’intentions de bonté et d’exigences de compréhension quant à notre
posture à tenir dans nos temps si troublés .
Et si tu partais en
voyage, sache qu’ici ou ailleurs il y aura de la place pour tes disciples, pour
mes frères et soeurs en toi, afin de perpétuer le feu d’entre les eaux et le
crâne, et nous entretenir de ce qui reste encore à faire .
Et puisque la vie
est quête et pélerinage continu, tu es le bourdon du pélerin, le précieux bâton
qui me soutient et avec lequel je calligraphie dans la poussière du chemin les
lettres sacrées de notre écriture universelle .