Pensée opaline

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D'une tâche opaline    
Ronde molle    
A la tombée du jour   
Coule le temps    
Pareil à cette histoire    
Commencée la veille    
Et qui longtemps contée    
Révéla profonde mémoire.        
 
A ceux qui accomplissent    
Dans un fermoir chargé de sens    
Les moments privilégiés de l'oubli    
A ceux pour qui le contournement des formes brèves    
Fait cadre sur la glace de l'étang     
Les volutes d'un feu sacrificiel     
Marquent du sceau de la contemplation     
Ces phrases-mains de l'âme.        
 
Horizon perpétuel    
Terres noires d'Ukraine    
A l'arrivée des Scythes     
Vous fûtes ceints de la lumière des ancêtres    
Face aux cavales des steppes    
Riches de tourbe et de blé blond    
Alors que se dessinait    
Notre visage au profond des nuages.        
 
 ( D'après une œuvre plastique de Jean-Claude Guerrero )

966
 

Un enfant t’embrasse

Un enfant t'embrasse    
Du temps revenu    
La pulpe est douce    
A qui se souvient.          
 
Un enfant t'embrasse    
Fleur d'année au ressaut assuré    
Me met à l'ouvrage    
De mon âge avancé.        
 
Un enfant t'embrasse    
Vienne et passe le vent    
Au dessus de la plaine    
Jonchée d'hommes à pleine main ouverte.        
 
Un enfant t'embrasse    
Au carrefour des troènes    
Où montres molles pendent     
Devant le phare d'une lune assoupie.        
 
Un enfant t'embrasse    
Partons d'un pas de presse    
Sur la route qui sans égard    
Corrige la trajectoire.    
 
Un enfant t'embrasse    
Foule la mousse légère    
Sous les pieds nus    
De l'âme recouvrée.        
 
Un enfant t'embrasse    
Feule la hyène sagace    
Sur sa couche de lierre    
Gonflée des ferveurs de l'hiver.         
 
Un enfant t'embrasse    
Le long de la jetée      
Filles et garçons raison gardée    
Rêvent de coquillages en cœur.        
 
Un enfant t'embrasse    
Avec le temps on va on vient    
On oublie ce qui fait mal    
Et ouvrons les persiennes.        
 
Un enfant t'embrasse    
Passe passe passera    
D'abord y'a l'aîné soufflant la brume    
De ses chants de Noël.        
 
Un enfant t'embrasse    
Les cheveux blancs surgissent    
Les mains tremblent    
Le chat sur les genoux.        
 
Un enfant t'embrasse    
Au verso de la musique    
De silence accompagnée    
Monte l'appel du dernier saut.                
 
Un enfant t'embrasse    
Et puis rien    
Juste la solitude     
Sous le gui de l'accueil.        
 
Un enfant t'embrasse    
Femme aux mains de tiges rêches    
Fasse la danse en bel équipage    
Donner pleine mesure à tendresse venue.        
 
Un enfant t'embrasse    
Barbe de lin drue    
Cheveux en broussaille libérés de la tonte    
Le visage buriné accueille le reflet de sa jeunesse.        
 
Un enfant t'embrasse    
Droit descendu de Montmartre    
Le poulbot des batailles    
Gratte les pavés lustrés de la Commune.        
 
Un enfant t'embrasse    
Filoche des brassées de nuages    
Jusqu'aux passerelles du ciel    
Le soleil accompagne nos rêves.        
 
 
965


Entablement des convives

Entablement des convives    
Et vive la bouffe et le bon vin.        
 
 Des moi-je    
"Moi j'aime" "moi j'aime pas".         
 
A gorges déployées    
Ça parlait de la bouffe et du bon vin.        
 
Pâtes fraîches et bourguignon    
Et Gigondas pour la passion.        
 
Le ventre a ses raisons     
Que la pensée ne peut imaginer.        
 
Volage cette pensée    
A s'encorder dans les cintres pour ne pas dépérir.        
 
A démêler le religieux du spirituel    
Il fallait bien du courage pour arriver au plat suivant.        
 
La charpente tremblait    
Sous les voix vitupérantes.        
 
Grand Loup ne devrait pas tarder    
A souffler les bougies du partage.        
 
Et quand les rois mages    
Apportèrent le plateau des fromages    
Il y eut jubilation     
A faire gonfler les chevilles    
Et rougir les pommettes    
Pour tant et tant de bonnes choses    
Vive la bouffe et le bon vin.        

 
964

Les graines du temps

Horloge parturiente     
Par dessus le temps
Les oiseaux se taisent.

Beauté et connaissances
Créatures et inventaire
Nos dernières espérances.

Va et vient de nos désirs
Apaisés de se rejoindre
A la source où tout se brise.

Comment c'est la vie ?
En narrant par le menu
A vivre à vif.

Filent défilent
Les vus et les à-voir
De l'instant vécu.

Imaginer
Porte un coup fatal
A la cruelle certitude.

Messire le loup
Après repas
Passe sous le houx.

Petites dents
Et coups de langue avides
Sont l'écueil de l'âme.

N'y pouvant mais
Ils eurent bien du courage
De rester en marge.

Atteindre le bout de la terre
Augure du respect total
De sa Liberté.


963

Glyphe dans le ciel

Je ne peux pas parler    
Et me taire    
Comment faire ?        
 
C'est écrit    
Et ce n'est pas écrit    
Comment faire ?        
 
Je te connais    
Et ne te connais pas    
Comment faire ?        
 
Se voir    
Et ne pas se voir    
Comment faire ?      

Je marche dans la Lande    
Autour de moi souffle la tempête    
La lune accompagne l'esprit des ancêtres.        
  
S'étendre de tout son long    
Sur le sol        
Et regarder le ciel.         
 
Le jour et la nuit    
Sans que le jour surgisse    
Sans que la nuit agisse.        
 
Femme et Homme    
Je ne puis être    
Femme et Homme de bien peut-être.        
 
Le Réel tel qu'il est
C'est voir sans yeux
Comprendre sans esprit.
 
Au delà de la Conception    
Entrer dans une expérience    
D'humilité et de majesté.        
 
Un Souffle éveillé    
Une Présence hors la vérité    
Notre dignité d'être.        
 
Témoigner de l'ombre de l'ombre    
Puis prospérer    
Avec le grand Silence.        
 
Transmettre la Lumière    
Qui n'est la propriété de personne    
Et bien autre chose encore.      
 
Passer de la Vérité qu'on a    
A la Vérité qu'on est    
C'est sortir de la léthargie.        
 
La Vigilance ose savoir    
Le Bonheur le sait    
Entre Humour et Clairvoyance.        
 
L'accès au spirituel    
Passe par la réconciliation avec le Féminin    
L'attention sans attente.        
 
Conscience de ses faiblesses    
Par le Père octroyée    
Point de jonction entre le Visage et le Corps.        

Puisque vous passez sans me voir    
Que peut l'amour d'un fils    
Un père en mérite tant.        
 
Le monde où nous vivons
Est le lieu de la danse
Le fond de son drame est vrai.

Glyphe dans le ciel     
Ne prend sens    
Que si l'archet le touche.        
 
 
962

Joie et danse

Les enfants de l'amour    
A se parer de gestes et d'entrechats    
Gesticulent    
Pour mieux se reconnaître.        
 
D'origines modestes    
Ils s'étaient jetés dans le bain des convenances    
Pour être comme les autres    
Les pleutres de la sollicitation.        
 
Et maintenant plus de rodomontades    
Des chansons à la va-com-j'te pousse    
Et des danses des danses de chameaux    
Des danses de chamanes.        
 
A la pluie par temps blême    
Au soleil des ardents consumés    
Rien que du plaisir    
Pour qui agite la fougère.        
 
Et revenez-y    
Même si le pas pesant   
D'autres tâches les attachent    
La goule pleine des mots de tous les jours.        
 
Remue par tous les bouts     
Les pieds te suivront    
La taille souple liane    
Et les mains pour la ronde.         
 
A se pourvoir    
Sur des chemins de dentelle    
Par les ajours d'aile frêle    
Il se pourrait que l'œuf éclose.        
 
Et là pas de concessions    
Rien que du gloubi-boulga    
Au fouet des chevelures    
Le son des flûtes d'autrefois.        
 
Mignonne allons-voir    
Aux sentes magnifiées par la fleur printanière    
L'éveil des sens    
Au creux du roulement des saisons.        
 
Mignon allons-voir    
Sous un ciel en arc-en-ciel    
Le dieu Pan en ses élans    
Poursuivre la Bacchante éternelle.        
 
 
961

Koj

Je t'ai attendue    
En bord de route    
Le ciel était bas    
Il y avait du vent.        
 
Je t'ai vue   
Je t'avais vue   
Tu es venue   
Tu es partie.       
 
Dans le noir    
La flamme dessine   
L'odeur des craquements    
Que goûte le silence.        
 
Sourire pincé    
Des lèvres ouvertes    
Une voix rauque    
Sous la futaie en feu.        
 
Ecran de l'âme    
Le crêpe se déchire    
Un sous-bois dans le lointain    
Un étoile scintille.        
 
Pile face aux arbres    
Un serment en pleurs   
Pour tes yeux qui se ferment    
Nos mains qui se joignent.        
 
Le sang monte de la terre    
A peu de distance d'ici    
De l'énergie d'en haut    
Poursuivre l'ascension.        
 
En attraction d'un ciel caché    
Se purifier sous la pluie fine    
Et se dire qu'il reste     
A recevoir le petit.        
 
Passée la nuit    
Les quatre âges éconduits    
Nous monterons dans la ramure    
Chercher les bruits menus.        
 
Tout prêt    
Ecoute le ruisseau    
En bas dans le vallon    
Où boivent les biches.        
 
Et si descente s'en suit    
Forces neuves déployées    
Soyons Présences invisibles    
Veillant sur le cheminement.        
 
 
960

Le Retournement

Se piquer aux épines du sacré   
Et découvrir à nouveau toujours et toujours
De quoi nous sommes fait.

J'entrerai à l'arrière-plan
Blason des cinq doigts de la mémoire
Prêt à quérir le jour qui m'a vu naître.

Il y a le Merci
D'avoir été sur le pavois de mes ancêtres
Le continuateur du chemin.

Il y a le Regard
Porté aux choses de la vie
Pour que décoction faite le Beau fleurisse.

Il y a le Mouvement
Et ses perpétuelles incartades
Qui m'ont conduit vers la contrée des amours.

Il y a le Silence
De l'écoute du tout ce qui arrive
De nuit comme de jour par la fenêtre ouverte.

Il y a la Machine
Pour plonger dans ses origines
A coups de trique sur le râble de l'orgueil.

Bien m'en pris
De compiler les us et coutumes
A l'aube de notre rencontre.

Quand, hurlante météorite
Elle apparut déterminée et sauvage
Dans l'ample mandorle de lumière vêtue.

Dès la première phrase qu'elle émis
Je fus irradié par sa perspicacité
" C'est quoi qu'ils font ceux-là ? "

S'en suivi le passage de la ligne de démarcation
L'appel aux forces vives de la nation
Pour effectuer le Grand Retournement.

...............................................................

Passer la main
Sans pression sur la flamme de la bougie
Permet de sceller le coffre des missions.

Les chardons ronds de l'hiver
Griffent mon cœur offert
Aux assauts du soleil.


959

Agrafe tes post-its et viens

Langoureuse et heureuse    
Elle regardait de la passerelle
Les boutres sortir du port.

Reliée à ce qu'avait été sa journée
Cette grande voile blanche
Reflétait ce qu'elle croyait être.

Soleil et le soir moins de soleil
Puis plus de soleil du tout
Pour un rien elle n'aurait manqué ça.

Son esprit se tendait
Elle captait les flashs lumineux
Mais pour les enregistrer c'était autre chose.

Tout ce qui a existé existe
Les actes les paroles
S'inscrivent dans la mémoire cosmique.

Celui qui voit
Ne se retourne pas
Corps et âme se confondent.

Langoureuse et heureuse
A deux têtes l'une visible l'autre pas
Elle évitait de choisir.

La voile comme la mer est part de soi
Du concret à l'abstrait
L'homogénéité se fera.

Lève les yeux
Par le ciel vient la parole
Prête à agrafer des pans d'antan de soi.

A même la plage aux galets sonores
Le silence est rare pour qui sur l'onde
Voit les astres.

L'eau est claire
L'esprit tendu comme l'arc
Reçoit la lumière.

Rester calme et laisser les pensées
Au fond des placards et des malles
Être grande douceur afin qu'il vienne.



958

Ce bel enfant

Ce bel enfant    
Déjà inscrit au registre des entrées
Quand neige et froid imposent mitaines
Scellait sa destinée
Dans l'étable des origines.

Il y eut des saisons
De céleste attitude
Où se penchaient sur le berceau
Mines réjouies et mains papillonnantes
Les santons de la crèche.

Il y eut la joie
D'accueillir au matin
Les paquets emballés de papier
Qui sitôt déchirés
Laissaient d'autres boîtes à ouvrir.

Puis vint le jour
Où clamer cet avènement
De rires et d'éclats de voix paré
Sous le sapin érigé
Clignant de ses guirlandes.

Devant la vie
Il y a la vie avec ses grands yeux ouverts
A se cogner la tête sur ce qui sera
Alors que ce qui est
Subvient au temps passé.


957



La présence à ce qui s'advient