Category Archives: Décembre 2020

A feuilles dispersées

A feuilles dispersées    
sous l'auvent    
en sortie dautomne    
le sourire se fait mien    
de ce qui est là    
mon ami    
le reflet de l'appel    
ce reflet à l'intérieur de moi    
ma vulnérabilité    
sans que personne soit là    
sans être sauvé    
à demander calmement    
aux herbes rabattues par le vent    
d'accueillir la vie    
avec la foi en soi    
dans la bienveillance de l'instant    
pour avançer sans se battre    
avec légèreté    
parmi les prairies de l'oubli    
où tout est déjà là    
gracieux oiseau blanc    
libre dans son ascension    
à la joie, l'amour, le partage    
lissant les tuniques blondes     
d'une lumière obsidionale    
d'après moisson    
 se voir unique    
et si avenant    
se sentir prêt    
en quête d'une parentèle   
en évolution de soi    
vers la juste demeure    
d'un cheminement d'âme    
sans croyance     
sans souffrance.        
 
Être le maître à bord    
de cette énergie
où elle coule    
avec douceur    
passent les heures    
à toujours être la réponse    
sans exigence    
animé du désir d'enfanter    
en intégration    
à la sortie du tunnel    
de ce point si petit    
cette bulle    
intensément poussée    
vers la vision ultime
si vous ne dîtes rien sur moi .                
 
 
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Une peau de blaireau à la main

Surgi d'entre les fourrés    
la pelisse rousse sur le dos
une peau de blaireau à la main
l'homme d'avant-garde.

Accroupi
tout en avançant par petits bonds
ses grands yeux tournés vers le ciel
il était la nature vivante.

Une charrette passa
granulant quelques graviers
un fouet claqua
le cheval se cabra.

Au profond des chablis
l'émoi fût grand
sans un cri
l'aigle s'envola.

Passa alors le maître des chaumes
l'embaumeur des solutions feintes
le traîne-misère des rassemblements
l'esbroufe de nos campagnes.

Fallait s'émouvoir, se congratuler
se tenir sur la pointe des pieds
en se poussant du coude
afin d'être là, sur la photo.

L'homme à la peau de blaireau se redressa
brassant l'air
de gestes mystérieux
tel un sémaphore en sortie de brumes.

Il revenait chez lui
après une longue absence
en bord de chemin
un large sourire trouant sa barbe.

Frère des hautes herbes
sois le papillon furtif
le joli hérisson qui m'attire
le cerf et le sanglier
au profond de l'âme
la venue d'une tendresse
parmi les fruits rouges de la haie
à rassembler nos habits du dimanche
pour chemin faisant
étirer les fils vierges
telle crépinette sur l'ouvrage de fin d'année.


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Sylvain Gérard.œuvre 2 – l’homme à sa fenêtre

 

 Visage émacié du jeune homme   
 au sortir de son éducation   
 déjà apte à saisir   
 le contagieux imbroglio   
 des amoncellements de la connaissance.      
  
 Et en effet il connaît le monde   
 le jeune homme au visage émacié   
 sans yeux, sans mains, sans jambes mais bouche ferme   
 il capte l'au-delà   
 lui le gardien du dehors   
 et dans son for intérieur   
 il est capharnaüm des accumulations   
 lui le récipiendaire des turpitudes et des passe-droits   
 au nez et à la barbe des anciens   
 il est le plus habile 
 à combattre le jugement   
 lui l'ingénieux à la destinée zigzagante   
 le rouleur de rochers   
 aux sources propitiatoires   
 lui coupable de brigandage   
 il offre sa vie par son supplice indicible   
 que s'emploient   
 les faiseurs de rêves, les poètes, les mystiques,   
 à ne jamais se méprendre sur les foudres célestes   
 pour s'entaillant le ventre une nuit ultime   
 être foudroyé par son ombre chaude. 
     
  
 Calme et ivresse   
 un masque gît devant nous   
 riche en sa mythologie avérée   
 un masque d'accueil des reconstructions   
 où rassembler les fragments de ce corps épars.      
  
 Ô épouse sœur   
 même s'il me manque le sceptre   
 j'ai interrogé et amorcé la vraie vie   
 celle de la loi des bulles   
 que seuls atteignent chamanes, poètes, prophètes,   
 "cordeliers" et "bouclés"   
 - (les tenants de la théorie des super cordes et de la gravité quantique à boucles)    
 tous adeptes de l'espace lacunaire des eaux retirées.      
  
 Il n'est de plus grand vide   
 que le chant des nuages  
 fenêtres ouvertes   
 nous les oiseaux du verbe   
 nous les remueurs de la force de l'envol.      
  
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