Le trou bleu

    Un trou bleu    
aux lèvres calcinées    
remontait des entrailles.        
 
    Fallait-il que je m'en souvienne    
de cette enfance cloîtrée    
où ma tête en déraison    
cognait contre les murs.        
 
    Entre les rochers à fleur d'eau    
je godillais ferme    
à ne retenir pour toute forme    
l'âge qui venait    
de l'anneau de fer    
aux mouettes de l'enfer    
vers ces mers du sud
objet de mes rêves de finitude.     
 
    Les parois de métal gris    
Retentissaient des chaînes    
que les esclaves traînaient.        
 
    Il y avait un avant et un après    
mais là, point d'horizon    
les remugles en tous sens     
baignaient dans l'oppression    
nous voguions vers la vie    
moi le mort-né    
en quête d'un rivage    
échoué tel le pantin magnifique    
de sang et d'or mêlés
sur la terre des dialogues éteints.               
 
    Survint sur le tard     
la femme espérée    
que même les loups    
hurlèrent de reconnaissance.        
 
    Il y avait fête en forêt    
où de sombres labyrinthes    
pouvaient recevoir la cérémonie    
un rai de lumière    
perçant la frondaison    
en la clairière des instincts.        
 
    Je devais mettre des mots    
mais les mots ne disaient rien    
même à l'encre violette    
sur la table maculée d'encre    
le pot à lait renfermait    
le précieux nectar    
et la chaînette tintinnabulait    
aux tendres courbures    
du temps futur.        
 
    Réveille toi    
rassemble tes effets    
pour peu que l'orage éclate    
au bord du fossé    
nous irons quérir la jonquille et le narcisse     
pour peu que l'autobus scolaire vienne,    
le trou bleu nous attend.        
 
 
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