拉维耶

 
 
 
      Accepter la Vie, être conscient, 
de cette part de nous-même 
qui cherche à grandir,
à pousser ses limites, à répondre
à une demande, à être en accord
avec ce qui est, par des actions
dont on ne connaît pas 
la complexité causale mais 
qui nous semblent juste sur le moment. 
ça brûle donc je me chauffe ; 
le tirage adapté viendra après.

      Tout est question de distance 
hors la perspective qui seule 
subsiste, une perspective qui 
n'implique pas nécessairement 
la Vérité, mais qui compense, 
qui pardonne, qui donne de l'énergie, 
qui aime et ne nous déçoit pas.
 
      Et si cela navrait toutes les 
incertitudes et nous orientait 
vers la prise de risque d'être 
en responsabilité sans préjuger de 
ce qui se passera !
 
      Il fût un temps de parousie affirmée 
où néanmoins nous prîmes la clé 
des champs, simplement pour n'être 
plus dans le cercle des habitudes 
et entrevoir les dérives du système.
 
      Avec raison et bonhomie au fil de 
l'eau il y eut bien des rapides 
et des chutes qui nous entraînèrent 
vers l'autre côté de soi, 
ce maigre affront à soi-même, 
cette outre emplie des vents 
de l'aventure.
 
      Le destin ourdit des bizarreries, 
le cadran de l'horloge a des 
hoquets de tendresse. S'arrêter 
près de la source aux loups 
prélude à la réflexion de manger 
ou d'être mangé, d'envisager 
le clair-obscur des visitations 
avec sérénité, d'être aux petits 
soins avec sa faim tout autant 
qu'avec son besoin de sommeil 
et de rencontres.

      Un brouillard recouvrit le fond 
de la combe, une bruine amena 
des gouttelettes sur le visage, 
le froid envahissait le corps.

      Un faon sortit du bois 
immédiatement suivi par une biche 
ce qui me remit sur pied contre 
le grand chêne outragé par des 
orages qui avaient entamé des 
branches maîtresses mais dont 
la force résiliente ébranlait 
mon être.
 
      Je repris le service d'ost. 
      Le seigneur m'attendait. 
      Il devait encore pleuvoir des 
grenouilles.  
      Le chemin montait. 
      Je savais qu'après la butte 
la pente serait descendante, 
que la place du village serait 
bruissante de couleurs et de voix, 
qu'une vitalité légère brasserait 
les corps et les âmes jusqu'à ce 
que le beffroi sonne les douze 
coups de midi.
 
      Alors je partirai, le travail 
entamé, escorté des trolls et 
des djinns vers le point de 
non-retour où la mort rejoint la 
naissance, au sanctuaire où tout 
s'apaise près du frêne et du 
tilleul. 

       Prémices du regain de 
拉维耶.
  
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