Je vous le jure Elle s’appelle Marie Danse par tous les temps Se met en quatre à la moindre ondée Pour aciduler de sa cape Le granuleux esprit des mangeurs de brumes. Amour compassion équanimité Sa grande renommée emplit les horizons De la poésie à la métaphysique Nous pouvons convoler Sur terre et dans le ciel Joyeusement la tête couronnée. Son Fruit est le Maître Le Paraclet sitôt venu Le souffre-douleurs des paparazzis L’épingle d’or sur le coutil À montrer le chemin du retour Pour enfin discerner le réel. Au long de la Limagne Elle s’est nourri de baies et de fruits sauvages La nuit au clair de lune Elle s’est assise sur la chaire Recevant la parole vernaculaire De l’Éveil primordial elle s’est réjouie. Inclinant la tête Elle dort contre l’arbre Le cœur emplit de claire lumière À venir comme il fût dit En vraie voyante Nous enseignant l’impensable relation. Et tout se tait Le passé le présent le futur se sont joints Indolente et plaisante Elle a rêvé de la Source Le sein offert aux bulles d’eau Ses grandes ailes ouvertes. 1439
Haaputuraa no te mau hoho'a: Mars 2024
Le piquet mauve
Ai cru de toi La montée sans parole Des petites cellules égarées Ni de soie ni de satin Pour le culte en été. Sagesse involutive De l’âme s’échappant en fumées Avec le temps qui passe Et délivre profondes entailles Dans l’ombre du chemin. Assis contre le tertre À caresser les herbes sèches Pur éveil à l’infini Ai déposé vin et fruits sur mon lit mortuaire Livré aux nues autant qu’aux vers de terre. Je me promenais là-haut Sur les sommets Et mon regard à l’horizon Jusqu’à l’abîme Y choyer l’impermanence des choses. Je ne peux que dompter les piquets de clôture Devenus spectres Bien qu’il me soit interdit D’avoir des amis Moi le promeneur solitaire. Mauve offrande Au bleu immaculé La marche fût interminable Épuisante même Alors que la cime promise était déjà en vue. 1438
La Belle Ouverture
De la Belle Ouverture Écartée des dix doigts Entre la douceur des joues Et les larmes de joie L’à-plomb de qui aime Passe passe passera. La brume murmure Casse-noisettes du blanc sommital À effrayer le lièvre de mars Parfaite soumission Amenuisant le fondant de la neige Par-dessus la dent du chat. Palmée Ourdie des mille traits de l’esprit S’ouvre la vie Où lire était le seul plaisir Bien avant les rougeurs de l’aube Où survivre tel poisson dans l’ornière. Aïe ! L’initiative reine À la dégaine furtive Renâclant en bord d’abîme À évaluer l’épaisseur de la paille Pour âne au repos. Livrant tunique En sa générosité La nuit détale Hautes bannières au vent Pour entendre rire Le lagopède des lieux. S’asseoir Ouvrir le sac Festoyer de vin et de sifflard Grappiller quelques myrtilles Le menton entre les mains Attendre que ça passe. 1437
À la mémoire de Luis Jorge Borges
Le coq de bruyère Sur ses ergots levé S’est épris de la poule des bruyères Juste pour chagriner Les eaux du torrent ténébreux. S’y est pris de si tendre manière Qu’inoculant par le travers Quelques mots d’amour Il a franchi la ligne rouge Sans oublier les chagrins du siècle. Massacres massacres Les fleurs restent belles Le danseur de tango tanguote Le Grand Voyage est pour demain S’envolent les restes fanés de la désinvolture. Assigné à résidence En galopant au triple galop par la pampa L’Étrange aveugle aux pommettes saillantes S’est très tôt souvenu Que les trésors d’émotions n’amassent pas mousse. Je ne puis le sauver Des abrupts ravins de la complaisance Lui le parangon des gauchos L’animateur désopilant du marché aux volailles Qui a tendu la joue à l’arbitraire de la réalité. Il survivra au trompe-l’œil De ses éructations singulières Quand poussant le travail herméneutique Vers son infinie complétude Pouvait s’élever de la pampa l’odeur des viandes grillées. La métempsychose l’aligna contre le mur À pourfendre quelque chose de plus Que la contemplation des origines Cette assignation À « ne pas être davantage que quelque chose ». Quel âge avait-il Quand il fût relégué dans la fosse commune Des symboles de la Nation Lui l’enquêteur méticuleux Lui le pourfendeur des colonels. On le trouvait parfois Sous le grand arbre près du corral À souffler sur les génies de la compagnie des anges Alors que derrière la barrière Figurait à cheval le Bon Père des égarés. Le vagabond à la plume agile Savait dépeindre le bourreau et la victime Sans dévoyer d’où il tenait la consigne Si ce n’est de l’admirable bibliothèque de Babel Que des contingences l’obligèrent à ne pouvoir lire. Funambule du phylactère Le tenancier de l’instinct S’était même permis d’inventer Internet Quand d’autres coreligionnaires Œuvraient dans la misère. Shakespeare est à sa porte Et que les brumes m’emportent Si le minotaure sorti du labyrinthe Fait à Luis Jorge Borges L’honneur d’émettre le cri d'un dernier écrit. 1436 ( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )
Uniques pour la grâce
Triptyque de l’Orient À mille lieues des côtes Douleurs nimbées de gaze Sans répit au milieu des flots La houle déroule son âme. Chevaucher le nuage n’est pas mince affaire Tout comme se faire pousser des ailes Quand l’Immaculé de nos orifices Déplie sur le mur cardinal L’abondance fourchue de nos langues babillardes. Unique obstacle à la stabilité L’heure est à l’herbe rase Pour une obscurité proposant ses brouillards À la cause entendue D’avoir été fidèle. Il faisait froid dans cette pignatelle Sans toutefois voir l’horizon Il avait été convenu De faire face à l’instant Au printemps d’un vert naissant. L’herbier magique Recroquevillé au fond de la malle Laissait paraître Par lune bien ronde Le cœur méfiant de demeurer seul. La cardinalité du lieu Abhorre les grumes rêches Disposées en désordre sur la raspoutitsa Douces fleurs éloignées à jamais Des codicilles de la plainte. Le faire-semblant de la retraite Entraîne nos vulgaires histoires Vers la mire des larmes Pendant que caquetant à l’encan Passent les oies sauvages. Pauvres marionnettes Décapsulées avec les dents L’envie les prit De soulever par le travers Les piles du pont à la dérive. Vivre cupide Se vêtir au fil des ans Augure triste passion Quand vont et viennent Les mâles sentes de la faribole. Uniques par la grâce À faire courir la main Sur le dévers d’une peau de chèvre IL nous fût aise D’entrer dans la hutte des fumigations. Abrupt péril Des senteurs océanes À la vue des nues se déchirant Apparut diverticule de l’action L’espace vide de la présence. Refermer l’ouvrage Se fera au grand carrefour de l’air libre Face à l’azur En attendant foi de marin Le moindre atome de bon sens. 1435 ( Œuvre de Jean-Claude Guerrero )
Le koan éclaté
D’un grain l’autre À fendre la lumière L’attelage du profond des grottes S’est arrêté à point nommé. Petits cailloux aux gorges déployées Ont poussé leurs coursiers Par le temps libéré Sur un édredon brodé. Courez messieurs de la haute Ou bien légiférez parmi les nues Trognes hirsutes Émergeant du bouge aux lanternes fêlées. Le lit couvert de livres Avons conçus un éboulis Ressassant par le menu Les contes et merveilles de la parodie. Mille miroirs aux vertus glissantes Retenaient le quartz redondant Pour fil à fil Lisser le filet aux oiseaux. Et je prêchai prêchai Que le Bon Père Ne courrait plus après l’apprenti-solitaire Affublé de branchages et de mousses. Le ciel est ouvert Blanche tunique apparue Sur le saisissant printemps Me claquant le visage au vent. Proche de l’aube sapientiale Qui tarde à s’élever Le sentiment d’éternité Rapièce un koan éclaté. 1434
Sur les rouleaux d’écrits
Sur les rouleaux d’écrits En bord de plage Vous fûtes marmoréens dessous mon arbre À me conter douce chanson Dans le bruissement des pins. Signal de l’Essence Raffermie puis rajeunie Vous nous aviez regroupés en fond de grotte Près de l’âtre sacré À voir flamber le bois flotté. Assis quasiment tout le jour J’avais scruté les pensées de mon siècle de vie Inquiet que je suis Avant que le gazouillis des oiseaux Donne béquille à mes sens. Toujours perdre sa route Quand pleure la rosée Et que par les herbes courbées Demander à l’ombre « Que suis-tu ? » Viens Et me lèche La plaie sur ma tempe Pour qu’importe où nous mènent nos pas Nous envelopper de brumes. Sur le pieu À même le lignage frotté au sel d’écume J’ai clôturé la trêve Pour quincaille passée des huitriers Discourir de la sorte. Au bout du compte Penser seul Et mourir seul Fusionnent en perfection Bien au-delà des attitudes mentales. Dans le cœur de l’arbre Dans le cœur de l’homme Sommeille l’obscur précipité Des années passées À reconstruire la ville. Le mufle attire le mufle Par de broussailleux baisers Pour épousseter nos craintes métaphysiques Prêtes à la reddition Au Drap d’or. Le bûcheron peut cogner Le bébé brailler des « areu » Le soldat faire claquer ses souliers ferrés Je bats des mains Au passage des bruits civilisés. Les yeux exorbités Se sont fardés de grains de sable Pour accueillir non sans émoi Les compagnons du matin Mains sur les reins. Les chiens m’ont pissé dessus Les affaires ne marchent pas Le matin nous boirons du vin Et le soir faites que détale vers les hautes terres Le « sans-pensée » dans la « pensée-même ». 1433
Poème andalou
À trois c’est mieux De manigancer l’entrée en matière Quand s’ouvre l' "Histoire intime" Et le "Pourquoi bat mon cœur" Aux offices souterrains de notre complétude. À trois c’est mieux Pour toquer gravement Puis se mettre en quatre Et proposer les figures imposées Du poème Immortel. Les hommes ! Quelle puissance Quand des êtres sortis des planches anatomiques Qui là-haut à cours de chapelure Ont béni le ciel à force de leur souffle Comme bêtes enragés. Plantés là À la porte du lieu des connaissances Ils avaient préparé leur affaire Quoique rien n’y faisait Le dragon ne voulant pas sortir. Le meneur Le "Clandestin éblouissant" Le seul Egyptien À l’Esprit triangulé aux neurones serpentiformes Arguait de son instinct. La frissonnante "Désir d’éternité" De ses yeux aux pleurs fines Minaudait un semblant de compassion Dans l’attente de l’ouverture De la liberté à l’état absolu. Le troisième élément D’un préparat ignifugé Appelé "Le Recueilli" Baignait dans l’atmosphère ambrée Pour la rencontre providentielle. L’ "Histoire intime" s’ouvrit Pour s’offrir, lui, Yasunari Kawabata À la vindicte populaire Lui, le transcripteur Des états de spiritualité. La stratégie était de dénoncer Les lieux du plein emploi De l’errance obligée Au théâtre cruel De la réalité rêvée. À droite le "Pourquoi bat mon cœur" En désordre amoureux Dessinait son désir Importe peu Que règnent les désenchantements. Par éphémère danse propitiatoire Faire résonner le génie des lieux Dans l’insolite tour de Babel Aux apparences rassurantes Crée l’incertitude identitaire. C’est ainsi que vivent les hommes À planter les racines du bien Près des charbons ardents de la déraison Pour que d’un coup Le poème puisse s’enfuir à tire d’aile. 1432
Le frêne et le poète
Le frêne monta vers le ciel Comme le crapaud sur la lune À blanchir ses pensées Alors que vers l’horizon Les andins disparaissent. Au pied de la maison L’absence de conscience Accentuait ce qui se passait Réalité révolue En instance d’un discours intérieur. D’aller par petits sauts Le long de l’allée Procure au moineau du buisson Le besoin de courir le guilledou Dans l’accomplissement de sa journée. Graver son nom sur le tronc Histoire drôle à gaver de gloussements L’outre d’opulence d’un couple À usage unique Par temps de mésusage. Un jeune enfant s’installa sous la ramure Un vieil homme passant par là S’enquit de la couleur des lichens Sans que l’enfant lève la tête Passez muscade ! Béat de petites cervelles mûres Les samares en forme d’aile Quittaient les grappes S’en allant compléter le gruau D’un sourire de mission. Foulèrent la prairie Les enjambées de la bergère Victorieuse d’avoir convaincu la majorité du troupeau De troquer quelques moutons Pour un mouchoir agité au vent. Pipistrelle la belle Livrée à la foule en délire S’en vint à pleurer Quand dépourvue d’insectes La mort givra le plâtras des murs. Jeune damoiselle Installa sa balancelle Pour se pavanant en toute simplicité Dans le brouillis-brouilla de la ramure Faire sortir le loup du bois. Le poète en chapeau de paille d’Italie Sur sa chaise canée Dans l’ombre épaisse du feuillage Se mit à clamer réclamer déclamer Quelques bourgeons de saison. L’émotion vient L’inquiétude me vrille Serais-je encore un refuge pour les oiseaux ? La Voie est longue Et le temps impitoyable. 1431
Le claustra
Psalmodier les lectures sacrées S’effectuent en fond d’abîme Où se soustraire aux empêchements Afin de tomber sur le sujet Un sujet sans dedans ni dehors. La quête de ce qui fait l’intérieur de l’être N’empêche pas de se montrer errant En bord de rivière pure et lumineuse Avec pour seule preuve de vie L’indolence et l’indécence de l’absence. Reste cette émotion en fond de gorge La porte des granges ouvertes L’accueil par l’averse dispensée Au goutte à goutte des pensées tombant du toit Les pieds au sec. Ce qui m’afflige Ce sont les raboteux sentiers de la mémoire Trémolos de paille à tout vent éparpillés Bien lourds à porter Pour qui s’essaye à battre monnaie. Ne mourrons pas après chaque échec Le monde est grand la terre est grasse Les fleurs de l’amandier s’envolent Derrière le claustra Où toute leçon est à prendre. Au-dessus le ciel sans conscience ni inconscience Au-dessous dans des chaussons ronds la frilosité Et pour rendre encore plus tactile l’existence Des baguettes d’encens Entre les doigts gourds. Avant que l’esprit se livre à l’illusion Passons par la recognition L’accueil des éons de l’enfance En profondeur de ce qui n’a ni face ni dos Ce dormant quand fenêtres absentes. Dans un ciel bleuté Rien d’autre que mon cœur Avec pour lampion La lune Ensemble que jamais ne navre l’ombre proprette. Certains jours Je rassemble quelques morceaux de bois Pour l’hiver tôt venu Faire bûchettes dans le feu de l’âme En l’instant inexistant du non-agir. Danse des lucioles Au fil de l’âge Entre la pierre et le feu du foyer Monte le crépitement de la flamme Haute parure pour l’homme aux cheveux blancs. S’ouvrir par les cinq sens À la pointe de la plume Comme emballer l’os dans de la peau Occasionne vive lumière En instance de l’envol. Braver le qu’en-dira-t-on Boire en chantant Le ventre rempli Sachons caler cette merveille Dans l’anfractuosité du poème. 1430