Categoría Archivos: Febrero 2021

Guinguette en bord de Marne

 Assignés au cortège    
 les masques et habits de couleurs    
 permettaient griserie et pâmoison    
 aux grisettes et porteurs de casquettes.        
  
 Éperdument épris de Lise    
 Maurice le molosse rongeait son os    
 en susurrant quelques mots lestes    
 dans l'entre-chant du dispositif.        
  
 Sous les lanternes de papier    
 des mouches bousillaient    
 dans une odeur de moules-frites    
 montant des plats fumants.        
  
 Ça buvait, ça chantait, ça braillait    
 et quand la bagarres éclata    
 il y eut en contrepoint    
 cris effarouchés et jurons bien sentis.        
  
 Des tables furent renversées    
 des chaises volèrent    
 et quand la maréchaussée émergea    
 un vol d'étourneaux s'égaya.        
  
 Lise et Maurice se garèrent des voitures    
 les lampions vacillèrent    
 rubans et colifichets jonchaient le sol    
 au loin d'autres estaminets bordélisaient.        
  
 Lise empoigna le bordeaux    
 Maurice force plaies au visage maugréait    
 tous deux s'écroulèrent sur la berge  
 encanaillés de désir et de moustiques.    

 La Marne coulait avec langueur.       
  
  
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L’œil en caresse d’être

 

 L'œil en caresse d'être    
 écarquille le nuage.        
  
 Fleure bon le pavement    
 sous le cliquetis des roues ferrées.        
  
 Le soleil itou    
 gros toutou d'amour    
 pointe sa truffe    
 humide, noire, brillante, vibrante.        
  
 Immense paresse    
 tel parfum flottant    
 à la page égosillée    
 sombre de gelées    
 devant la visée brute    
 des parties mal léchées de notre conscience.        
  
 S'en est ainsi     
 des mille morts    
 dont l'avantage    
 est de naître en mitraille sèche.        
  
 Sans soucis    
 mais de lumière feinte    
 il s'est assis    
 rassuré par le poids du Puy.        
  
  
 722
   

Conversation du bout du monde

 

 Conversation du bout du monde    
 à la plume d'oie    
 deux femmes évoquent    
 le plaisir d'écrire par monts et par vaux.        
  
     - Ne diriez-vous pas ma chère    
 qu'enfants élevés à plus d'un titre    
 vers le levant de l'esprit  
 est histoire trop aride.        
  
      - Je la laisse l'éponge de l'espoir    
 à vaquer dans un bain de vagues    
 à rire des hommes-prêtres    
 en expédiant le repas du soir.        
  
       - Savez-vous que notre amie Prune
 Prune aux larges seins maternels
 s'est exilée par manque d'expression
 quand la nausée navra le dégel.

       - Nous étions les muses de demain
 arrachées de notre terre d'origine
 et que pour dégrafer la joie
 un essaim d'étincelles décima le crépuscule.

       - Aujourd'hui nous sommes
 les mystificatrices en agonie
 d'orgiaques poupées de son
 que le temps attend dans sa tendresse souillée.

       - Pour que demain   
 à pleines mains sur les joues des bambins   
 être les larmes qui ne renoncent jamais   
 devant la forme étoilée du poème.   

       - Et qu'éclairent drus
  à la proue de l'ouvrage   
  les éléments disséminés de l'astre endormi
  sur l'autel des divagations.

       - Ô mères enjôleuses
  des glaciers se fracassant dans la vallée
  posez sans méprise
  votre cou contre la caresse de l'écir.

       - Retenez la voix des campagnes
  dans le vestige des bergeries
  à portée des sonnailles de fiertés
  en marche vers la Rencontre.

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Entre cul et chemise

 
 
 Entre cul et chemise    
 percevoir le percer et le voir    
 d'une dague plantée    
 dans les reins de la souvenance.        
  
 Ô mes romances    
 du jour où nous prîmes    
 chemin de traverse    
 vers les Hautes Terres    
 et que le glabre visage du chevalier Sans-Nom
 se dessina sur la paroi    
 là fût l'ouverture    
 vers le mieux-être des Écrins.        
  
 Ô père des arrimages    
 aux berges coutumières    
 vous me fûtes l'accoutumé accroc    
 de mes manques aux nuées de bronze    
 pour signifier l'à-plat des dires poétiques    
 et sa clique de mécréants    
 d'ordre et de néant affublés    
 en fertile journée.        
  
 Ô marraine    
 à la quête botanique aiguë    
 je ressasse le bien que tu me fis    
 en embarquant l'amour    
 de part et d'autre du silence des fleurs    
 sur la barque vespérale    
 de pince-mi et pince-moi    
 ambiguïté et merveille de l'éveil.        
  
  
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Les bavardages du printemps

 

Au Borinage
y'a les bavardages du printemps
quand les bourgeons poussent du coude
la grisaille de l'horizon.

Remonter la boîte aux anguilles
de l'eau noire
émulsionne la berge
de traits de lumière.

Fidèle au sang de mes parents
je cherche damoiselle
pour faire l'âge venant
honneur en parentèle.

Il est des fumerolles sur le ruisseau
auxquelles confier
les yeux mi-clos
l'ombre au bal des démons.

Et si se glacent
dans les chantiers éphémères
quelque travail à perpétuité
appelons le génie de la lampe.

je me révolte parfois
et ce qui précède
est le fruit immortel
de ce qui sera en pure perte.

Aussi en passant le bras par l'écoutille
j'entends la pluie qui frisotte
avec la perle de tes yeux
mon échappée des cendres froides.

Le temps file
de tendre neige au souffle des portes
pour que mémoire s'enfle
sans coup férir à en mourir.

Que le monde soit brûlant
et les façades décrépies
n'empêche pas le chantre héréditaire
d'entourer de vaillance les sanglots.

À ne plus tirer sur la corde des saisons
mes sœurs de déraison
entrouvrent l'entrée du labyrinthe
vers le cœur des miroirs amers.

Se repais d'alliances fondatrices
le ciel aux nuages rapides
de Trancavel et ses chevaliers
au baptistère des recommandations.



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