Toutes celles et ceux
qui s'avancent
sortant de la forêt
en lisière des choses dites .
A celles et ceux
que tourmentent les pensées disjointes
les fragmentations d'un passé
qu'on ne peut oublier .
A celles et ceux
qui par effet de manche
se montrent aux fenêtres
haranguant la foule des sans noms .
Il m'est arrivé
en rassemblant mes bagages
juste avant de partir
d'immobiliser le temps .
Il m'est arrivé
sous l'ombre d'un arbre
projetée par la lune
de craindre le froid des nouveautés .
Je pus souffler dans la conque
et ne retenant plus mes désirs
rejoindre d'un coup du talon
l'humeur des prairies fleuries .
Puis revenir
vers celles et ceux
des aventures coutumières
me joindre à la foule
haut les cœurs
des pensées code barre
du chemin quotidien .
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Category Archives: Année 2014
pourquoi rester esclave ?
Pourquoi tant de femmes et d’hommes sont-ils esclaves d’une situation, d’un pouvoir, des autres, d’un regard ou d’eux-mêmes ?
Pourquoi vivent-ils calfeutrés dans le pré carré de leurs certitudes, dans le “c’est comme çi, c’est comme ça, y’a rien à faire !”, sans voir l’ombre qui limite leurs libertés, cette fermeture sournoise, cet accès à plus qu’eux-mêmes qui leurs ferait prendre l’air en allant voir ailleurs ?
Tout simplement parce qu’ils ont peur . Comme si les chaînes qui les entravent et les condamnent à leurs situations d’esclaves, étaient des protections contre la peur . Comme si ces chaînes de la non-vision les empêcheraient de souffrir et de mourir . Par peur de ce qui ne dure pas . Devant ce qui pourrait les emporter et les éloigner de leur confort premier ils préfèrent rester attachés .
Accrochés à leurs habitudes, leurs illusions, leurs idéaux, leurs mensonges et leurs croyances, ils espèrent ainsi stopper la perspective d’une vie qui inexorablement les entraîne vers la finitude de toutes choses . Comme s’il y avait autre chose que la vraie vie, cette vie dont la mort fait partie intégrante .
Or ces pesantes chaînes les font couler et se noyer . Ils veulent mourir avant d’avoir vécu .
Ils passent à côté du présent, enchaînés qu’ils sont aux souvenirs du passé et à l’utopie de demain . Ils ressassent et rêvassent sans voir le brin d’herbe qui pousse sous leur pied . Ils vaticinent incognito, le cou tendu vers le pilori du moins disant, en quête d’un oubli qui leur permettrait d’échapper au courroux du hasard , tenant droit le cap dirigé vers ce qui leur semble être le bonheur .
Ils ne sont pas présents à eux-mêmes . Ils ont peur de ce qui est là, ici et maintenant . Le réel et l’impermanence de toutes choses les affolent et les aliènent quelque temps mais pas encore au point de jeter un coup d’oeil de l’autre côté de la rive de leur vie .
Le flux d’un perpétuel présent les rend inquiets . Ils voudraient tant se droguer avec les leurres factices de la certitude, du virtuel, des poncifs qui les feraient ressembler aux autres, ces autres à qui ils dénient néanmoins le droit de respirer autant qu’eux . Se fondre dans la masse tout en la honnissant .
Pourquoi gâcher son existence à se calfeutrer contre les aléas de la vie, à construire d’étranges forteresses contre le temps qui passe ?
Les hommes s’épuisent à résister aux lendemains trop dérangeants, trop quelque chose, sans se rendre compte qu’ils restent collés à la même place – étranges statues de sel, droites devant le courant de la vie qui les attend.
Pourquoi faire du surplace alors qu’autour de soi tout est agitation, turbulence, transformation ?
Pourquoi ce besoin d’immobilité, de se protéger fébrilement du changement ?
Parce que l’homme est un animal routinier, qui a peur de l’inconnu, de l’étrange, du bizarre ; et qui cherche par tous les moyens des vérités, des valeurs, des lois, des assurances, des garanties . Et c’est pour cela qu’il est prêt à vendre son âme contre une quelconque pincée de poudre de perlimpinpin qui le ferait se fondre dans ses rêves, dans ses châteaux en Espagne .
L’homme a aussi peur de son ombre, de cette partie inhumaine de l’homme qui par ses égarements ignore, méprise, abuse, spolie, exploite, tyranise et supprime son prochain .
Par peur de la mort l’homme cherche à vivre éternellement dans une grande aspiration à la routine implacable, aux comportements marqués du sceau de la durabilité, de l’ennui et d’un sommeil “tranquille” . Alors que notre société industrielle est fondée sur la production de biens qui ne soient jamais pérennes afin de produire toujours plus dans un monde espéré en éternelle croissance !
Et l’homme s’ait inventé des idoles, des dieux, afin de s’immortaliser et éviter tout raisonnement fondé sur la certitude qu’il ne vivra qu’un certain temps, un temps fini .
Alors l’homme réagit contre cette implacable destinée . Il aime et hait à la fois ce qui le dépasse et ne peut maîtriser . Il n’admet pas être dirigé par plus fort que lui . Il maltraite les siens, saccage la Terre-mère et relègue Dieu-le père dans un monde inaccessible .
Les Dieux omnipotents se révélant inefficaces, la foi puérile des hommes les fait se retourner vers la raison empirique des dieux sociaux estampillés de respectabilité par le qu’en dira-t-on médiatique . Il se fond dans la masse, va au stade, aux thermes, au cirque et converse à l’infini sur l’agora des virtualités, un oeil rivé sur le petit écran, reflet du grand écran des réalités dont il ne peut affronter la trop grande pertinence .
Bardé de certitudes scientifiques, l’homme avance à l’aveuglette … jusqu’à buter sur l’infiniment complexe et la conviction que le réel est inasservissable, ni par la technique, ni par les dieux .
S’il ne se suicide pas, il est prêt à circonscrire, par l’intelligence et les raisonnements, le grand tout pour, ravalant sa volonté de puissance et son orgueil, aborder aux rivages del’humilité, comme dernière chance avant le désengagement suprême, avant la folie .
Par l’humilité, ultime moyen de guérison de sa paranoïa, l’homme se doit de vivre en harmonie avec la nature afin d’assumer la complexité du réel en chassant tous les réductionnismes, en renonçant à dominer, prendre et asservir quoi que ce soit . L’homme se doit d’être dans sa verticalité .
Il devrait alors cultiver la douceur, en dénonçant le meurtre et toutes les violences, en anéantissant les idolâtries, afin de se pourvoir en la Vie .
Il lui resterait alors à dire “oui” , en liberté et émerveillement, à ce qui est, pour que les dangers de l’illusion s’estompant, laisser advenir la tendresse de la relation sur fond de frugalité dans sa communion avec la Nature .
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S’ouvrir à la synchronicité

La synchronicité est le phénomène par lequel deux événements se trouvent liés simultanément par le sens et non par la cause .
Autrement dit, la synchronicité se manifeste lorsqu’il y a une coïncidence significative entre un événement extérieur objectif et un phénomène ou un état psychique particulier sans qu’on puisse imaginer un mécanisme de causalité entre eux .
Le phénomène de synchronicité représente donc une rencontre aléatoire et simultanée de deux ou plusieurs chaînes d’événements indépendants mais ayant une forte signification pour le sujet alors sensible à la mise en résonance des deux phénomènes . C’est alors que tout prend sens .
Le sujet qui vit une synchronicité est témoin d’une irruption de sens qui apparaît comme une évidence entre des événements sans qu’il ait besoin de chercher quoi que ce soit .
Ces phénomènes ne sont pas l’aboutissement d’une réflexion intellectuelle mais d’une expérience qui provoque un grand trouble chez celui qui le vit car elle perturbe la représentation logique et rationnelle de la réalité du moment .
Carl Gustav Jung considère que notre attitude mentale d’Occidental rationaliste n’est pas la seule attitude possible qui permet de saisir une quelconque totalité ; et qu’au contraire elle est un parti pris partiel et limité qu’il conviendrait de corriger si nous voulons avancer dans notre connaissance
personnelle et la connaissance du monde .
Le lien qui relie deux événements qui à priori n’avaient que peu de chances de se rencontrer nous montre, par la mise en résonance de phénomènes concomitants, que la réalité n’est pas uniquement constituée de manifestations séparées les unes des autres .
Ce lien qui n’est pas explicable par le principe de causalité
suggère l’unicité des deux éléments en présence : l’élément physique et
l’élément psychique . Comme s’ils étaient “intriqués”, corrélés et
manifestant un ordre global .
Un vaste réseau relierait-il, non pas de façon linéaire mais sous la forme d’un
tissage invisible ces différents éléments à une totalité sous-jacente au monde
phénoménal ?
Le physicien David Bohm présuppose l’existence d’un “océan d’énergie” à
l’arrière-plan de l’univers, un arrière-plan ni matériel, ni psychique mais qui
serait transcendant . Il existerait un fond qui se trouverait bien en amont de
la matière d’une part tout autant que des profondeurs de la conscience d’autre
part ; et que cet arrière-plan serait d’une dimension infinie car ne pouvant
être embrassé ni par l’une ni par l’autre . D’où cette impression que peuvent
avoir les personnes qui vivent ces phénomènes “d’unicité de l’être” ou “d’être en sympathie” avec l’univers, de ressentir “l’unité avec le monde”, non pas avec le monde à la réalité multiple dans lequel nous nous mouvons consciemment mais avec un monde potentiel qui correspondrait au fondement éternel de notre existence .
Dans ce phénomène de synchronicité il n’y a pas d’avant ou d’après puisqu’il n’y a pas de relation causale entre les événements. Aussi cette relation a-causale ne peut que déstabiliser l’approche linéaire du temps qui structure notre vision du monde .
Pour bien comprendre ces phénomènes, il est intéressant de s’ouvrir à d’autres
façons de penser, d’être au monde dans ce qui se déploie hors toute attitude
préconçue , hors de nos atermoiements et de nos peurs .
La corrélation à distance entre l’état psychique d’une personne et un événement extérieur est un phénomène global qui nous ramène à l’intrication quantique .
Jung et Pauli convinrent que la relation causale était insuffisante pour
appréhender toute la réalité vécue . Ils en vinrent à considérer qu’existait un
lien, une correspondance, entre la psyché et la matière, et ceci à travers
“un sens préexistant”, qui dans notre espace-temps à relation a-causale permettrait de considérer la psyché et la matière comme deux facettes
complémentaires . Nous entrerions alors dans des paysages à la fois intérieurs et extérieurs où, au travers des échos lancés par la danse intemporelle de
l’univers, atteindre un monde unitaire que Jung appelle “l’Unus
Mundi”, une mystérieuse et vaste matrice d’informations où tout est en
potentiel .
Mais comment favoriser ces moments de synchronicité ?
Nous pouvons seulement y être un peu plus attentif en étant les artisans, les chercheurs, d’un autre regard sur le monde où tout semble relié, nous les “expérienceurs” d’une occasion d’ouverture au principe d’unité non-matérielle qui sous-tend notre monde phénoménologique .
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( Oeuvre de Jean-Claude Guererro )
les deux mondes de David Bohm

Pour David Bohm, il existe deux ordres du monde : l’ordre explicite et l’ordre implicite .
L’ordre explicite est à portée de tout un chacun par des objets, des particules et des événements qui se situent dans notre espace-temps . Il caractérise des réalisations temporaires dans lesquelles les choses sont dépliées, dans le sens que chaque chose s’étend seulement dans sa propre région particulière d’espace et de temps, en dehors de zones appartenant aux autres choses . Mais ces éléments ne sont que des réalisations temporaires qui surviennent depuis un arrière-plan qui est d’ordre implicite .
L’ordre implicite, pour David Bohm, est un agencement où les formes-événements sont repliées en une plénitude totale dans une région à la fois vaste et unitaire qui sous-tend le monde explicite . Cet ordre n’est pas accessible à notre entendement commun, à nos organes sensoriels, tout en étant intuitionnellement proche de nous et surtout d’une profondeur infinie . Cet ordre implicite n’intéresse pas la plupart des scientifiques qui ne jurent que par le côté explicite de la réalité . Aussi l’ordre implicite plane-t-il comme une virtualité plausible qu’on ne saurait dévoiler qu’en présence de plus grand que soi, qu’en reconnaissance d’un monde subtil que nous avons la nécessité de chercher à investir .
Selon David Bohm, cet état d’ordre implicite existe dans tout l’univers . Quand un événement se produit et fait émerger une forme visible, cette forme ne fait que promouvoir, ne fait qu’expliciter, sous un aspect particulier et temporaire ce qu’il y a d’implicite à la source .
La nature de l’univers pourrait être alors un flux d’ondes porteuses d’informations qui se manifesteraient à certains moments, selon des conditions permettant un ajustement dans le monde explicite, et que nous considérerions comme étant la réalité . Nous retrouvons là, les mêmes caractéristiques du champ quantique, véritable matrice invisible de notre réalité qui échappe à nos notions ordinaires d’espace-temps.
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( Dessin de Jean-Claude Guerrero )
connaissance, paradigme et idéologie
La connaissance .
Connaître, c’est affirmer une traduction des réalités du monde extérieur. C’est co-produire un objet. C’est le tissage de sens effectué entre un élément du monde extérieur et nos facultés à assujettir cet “élément hors-nous” à notre être, sujet pensant, producteur de sens.
Nous sommes des passeurs d’objectivité en perpétuelle défragmentation de notre être à conquérir.
L’objectivité est un produit qui s’ajoute à la donnée qui ressort, elle, de l’objectivité scientifique. On peut aussi à partir de l’objet circonvenir le sujet qui de participant et agissant de la création de l’objet devient, corrélativement, devant l’émergence de l’objet, sujet conscient.
Un dialogue s’établit entre le sujet et l’objet. Une logique récursive est là à l’oeuvre ; nous produisons de la connaissance et les objets que nous avons produits participent de notre production individuelle tout autant que les individus produisent la société qui produit les individus.
Ainsi, connaître, c’est rencontrer l’autre, c’est apparaître à l’autre et par l’autre en naissant avec lui, c’est ouvrir la porte vers l’extérieur, c’est s’exprimer. Connaître c’est donner une forme au paradoxe d’énonciation de la théorie objective qui se conjugue avec le caractère subjectif du sujet.
Le paradigme .
Le paradigme est une manière de lier des notions ou catégories fondamentales par inclusion, disjonction, conjonction, exclusion, pour aboutir à un type de relation logique. Le paradigme discerne certaines relations logiques plutôt que d’autres en toute subjectivité. En ce sens il ne peut relever de l’objectivité par le contrôle qu’il opère sur la parole mais crée néanmoins les conditions de la péroraison , ce singulier couplage du syllogisme et de la résonance aboutissant à une réalité de passage.
Le paradigme par ses contours péremptoires alimente la polémique dont il structure les enjeux et organise les modalités de confrontation. Par son entièreté exposée, il rassemble les avis et convoque leurs auteurs à la raison tout autant qu’à la résonance dans un double mouvement de joie conservatrice et de prise de risque dans l’invocation de l’imaginaire.
Le paradigme contrôle la logique du discours. Il est une opportunité de contrôler à la fois ce qu’il y a de logique et de sémantique dans un discours. Il permet, dans des conditions de liberté et de responsabilité assujettissant l’homme à son environnement, et par son écartèlement propitiatoire entre ce qui est et ce qui n’est pas, entre l’accompli et le non accompli, entre le fermé et l’ouvert, l’accès à un autre niveau de réalité.
Le paradigme couvre une large palette de la connaissance, de son aspect le plus simple à celui de la plus grande complexité. Le paradigme de la complexité a besoin du paradigme de la simplicité pour pouvoir asseoir son développement. Le paradigme de la simplicité est un paradigme qui met de l’odre dans l’univers en tentant de chasser la trop grande complication. La simplicité voit un élément et pas l’autre élément. Le principe de simplicité soit sépare ce qui est lié (disjonction), soit unifie ce qui est épars (réduction). Le paradigme de la complexité part, lui, en vrille sèche devant la sidération causée par l’inconnu, l’inconcevable ou le tout autre ; il engendre la complétude espérée sur le mode de l’incomplétude concédée.
L’idéologie .
L’idéologie est une notion neutre ; c’est un système d’idées qui peut prendre l’aspect d’une doctrine, d’une philosophie, d’une théorie. Il existe une multitude d’idéologies qui appartiennent à des groupes humains, à des cultures, à des associations qui dureront un certain temps. L’idéologie structure, rassemble, cadre et limite le groupe dans sa double acceptation sécuritaire et liberticide. Ces idées sont ce qu’elles sont ; elles obligent le “chercheur de sens” à l’acceptation de ce qui est, à la perspicacité, à l’humilité, à une visée transdisciplinaire faite d’incomplétude, de non séparabilité des éléments entre eux et d’ouverture à ce qui advient, à ce qui est et sera..
L’idéologie n’a que faire de la morale au sens universel du terme ; elle est transmorale et engage l’être-conscient que nous tentons d’être à une disposition comportementale faite de fluidité d’esprit, de coeur et d’acceptation de toute forme de la vie dans ce qu’elle a de surprenant, de rationnel, d’irrationnel, de bouleversant, de tonitruant et de merveilleux sur notre terre.
Ces systèmes codés que sont les idéologies sont au dessus des lois. Elles nous engagent à être de ce monde tout en laissant une ouverture à l’hors-monde, à tout ce qui ne relève pas encore des domaines de la connaissance … mais dans les limites de l’idéologie du moment.
L’idéologie ; le chemin de l’affirmation de soi, le chemin de la soumission à plus fort que soi, le chemin des noirceurs consenties par notre peur de réellement penser, le chemin des formules sèches apposées au frontons des temples, le chemin de la survie pour qui ne sait vivre.
L’idéologie, nécessairement sujette à caution dès qu’on la saisit sous l’aspect de ses multiples avatars – doctrines, religions, habitudes, coutumes -, et qu’une analyse complexe de sa mise en place et de son évolution la confronte à ses sources, se trouve être l’arène où s’affrontent le sujet et l’objet, entre l’homme et son ombre, entre le bien et le mal, entre le tout et les parties, rencontre bouleversante à court terme et créatrice de lendemains qui chantent ou déchantent, rencontre à plus long terme, spontanée, pleine d’énergie et de nouveauté, de rebondissements, de beauté, de coeur, d’innocence et de dépassement de soi sur son chemin.
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Il est, et il sera

Je ne sais rien , et pourtant . Serait-ce ? Un camp de nomades campant entre mes yeux ? Un panneau indicateur du sens à donner à la vie? La piste noire des atterrissages pour un dauphin céleste ? Le grand fleuve de l'air ? Le crâne des chants de l'essentiel ? Un rideau rouge qui s'ouvrirait dans le mauvais sens ? La levée d'une fleur au désert ? Le mirage doux amer d'un soir de solitude ? La charité engendrant le parfum métallique d'une rose des sables ? Un amour en infinie conversation ? Le cri suraiguë d'une larme de cristal ? Une anecdote colportée entre ciel et terre ? Une joie éternelle sans que l'architecte intervienne ? Un épervier à son zénith se mirant dans une naine blanche ? Un ange né dans la paume de la main ? Une très humble et douce pensée d'amour ? Les pétales de la dernière étoile ? Un caillou et puis son double en saccades réfléchi ? Le jet de tous nos soucis ? L'entre parenthèses du visage des nuées ? La trace des oiseaux de passage en route vers la pensée ? L'émerveillement ceint de deux festivités ? Un "6 mars 2014" de garde ce jour ci ? Un caillou en son centre dissout par une comète ? Le ventre décharné de la patience à bout de souffle ? Le bruit d'un papier que l'on froisse ? L'anémone pulsatile d'un frais printemps ? Une chambre d'or en ses rideaux de tulle ? Une petite fille qui mange du chocolat ? Le maquillage enlevé au soir du grand savoir ? Le creuset où rejoindre sa famille d'origine ? Un pied dans l'au-delà et l'autre en terre ? Une goutte de présence entre les lèvres de l'absence ? Une étiquette collée par les doigts de la foi ? La frêle relique d'un saint ? Le cri égaré d'un courrier en instance ? Le calme d'un torrent au sortir des gorges de la montagne ? L'adolescent tenant contre son flanc le hérisson de son enfance ? Un couffin de fruits et de légumes dans l'arche de Noé ? Le regard mystique qui fait exister le je ne sais quoi ? L'incomplétude essentielle à toute perfection ? La lumière qui s'attarde entre deux paravents ? L'humble vêture de la grande vie dont nous ne savons pas grand chose ? Le départ. Le libre court enfin donné aux étoiles dans notre ciel intérieur ? ( Peinture d'Elianthe Dautais ) 194
a petits pas avec le temps
A petits pas avec le temps
casquette vissée sur le devant
j’ai tendu la main aux lumières qui s’attardent
près de l’arbre-maître
à la remontée du chemin
j’ai caressé les ânes de la pâture
leur est donné le pain sec
j’ai conversation menée avec Evan et Louna
en l’éclaircie de l’encre sur le papier
à écouter le flocon de nos coeurs
Juliane ma fille
entre les sources, les fougères et le cri des mésanges
j’ai mis le coquillage à l’oreille
pour entendre mon infinie faiblesse
passante de la vie
l’orange de Noël
faite de mousses et de lichens
j’ai caressé le tronc du châtaignier
mordu la pomme
de cet hiver en passe de devenir printemps
à déchiffrer en innocence ,
l’inachevé et l’incomplétude
fleurs essentielles de la vie simple .
193
À trois renversé

A trois, renversé assez seul pour ne l'être jamais cette avancée de couleurs à contre courant de l'énergie muette . Le vrai guérisseur ne s'embarrasse jamais des sources de son don il est, il le sera il est de tout âge veilleur de l'autre adepte de la différence passeur de la clôture sa main magnétique se pose sur le cœur de celui qui demande et tout irradie de par la flèche si légère dans cette mainferme il est le calligraphe de la foi . Ici, j'acquiers, je deviens et à s'y prendre je me méprends pour être infiniment seul à se souvenir des origines trinitaires à détecter les nappes d'eaux vives à écrire l'inentamé sur les yeux clos de l'aimé au vent divin il demeure . Ici, personne n'est en haleine d'être rien que de la grenaille au fond du puits juste permettre hors apparence au souffle de devenir trace, trace vivante des ombres et des lumières pour qu'à l'aube lever le voile de l'épousée passer les portes de l'oubli et neige éclose l'espace de nos nuits oser le pas de trois un libre court un commencement. (peinture d'Elianthe Dautais) 192
Écrire comme si on disparaissait

Écrire comme si on disparaissait en cette usure pierre à pierre où construire l'impact de la brûlure du regard sur les mots morts . Accumulation du verbiage sans choquer les contingences . Indifférence sans pli et sans couture inondant de lumière ce que l'autre offre , ce que notre peau de chair donne en pâture à notre peau d'ombre . Menaces , étincelles d'entre boue et ivresse ; se faire tremblement en totale allégeance à l'amitié, sans abondance ni oubli , atteindre l'autre rive de joie et de tristesse mêlés sur la jointure obsidionale de ce qui sursoit , vers le résultat précieux où vanités exclues se fracasser sur le corps de l'écriture . 189
énigme du grand silence
Énigme du Grand Silence
en posture aléatoire quantique
résolument notre ,
en cette possibilité de convoquer
l'infiniment actuel ,
l'infiniment partout ,
l'infiniment non existant ,
en soutien du respect dû à cette Nature
si libre ,
si fragile ,
si monstrueusement violée ,
par l'oeuvre du serpent biblique
apte en son rôle malin
de faire éclater les asymétries
à des fins de destruction .
Il est des nuits
où se parant des flammèches d'un arbre de rencontre
pourfendre les nuages de l'incohérence
avec l'épée de la parfaite compréhension
et effectuer
aux confins de l'intelligence universelle
les amples moissons de l'émerveillement .
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